Dévotion, dévoration et prostitution : corps consommés et avalages nocturnes dans Les Vilaines de Camila Sosa Villada (Tusquets Editores, 2019)
Résumé :
International audience
Deolinda Correa était une femme mariée dont l’époux, Clemente Bustos, fut recruté pendant les guerres civiles qui ont agité l’Argentine au milieu du XIXe siècle. Deolinda, soucieuse de la santé de son mari, entreprit de suivre la troupe dans les déserts de San Juan, avec son nourrisson, quelques vivres et deux gourdes d’eau. Lorsque ses provisions furent épuisées, elle se coucha à l’ombre d’un arbre, son fils au sein, et elle mourut de soif, de faim et d’épuisement. Elle fut retrouvée, son bébé, vivant, tétait toujours son sein. Un autre siècle, un autre bébé retrouvé, une autre Argentine : La nuit, le parc Sarmiento à Cordoba, devient le territoire des prostituées trans. Leur petite communauté est fédérée par Tante Encarna, sorte de figure maternelle pour ces filles pas comme les autres, échouées dans ce bois après un parcours douloureux et chaotique, et éternellement exposées à la vindicte et aux violences. Un enfant y est recueilli et tout pourrait faire sens…Dans un premier mouvement, nous nous tournerons vers les repas de fête, les corps avaleurs et avalés et les seins tétés, moments de lumière dans ce monde aveugle. Dans un second mouvement nous verrons les rapports instaurés dans le livre entre corps consommés et prostitution (Abel, 2021 / Valencia 2010). Enfin, dans une troisième partie nous verrons comment toute transidentité dépend d’un mécanisme de dévoration et de dévotion, celui des corps tout autant que des âmes, ce par un mécanisme de transcendance du pervers (Halberstam, 2018/Kristeva, 1980).
Date de publication : 2022-06-16
Citer ce document
Jean-Philippe Imbert, « Dévotion, dévoration et prostitution : corps consommés et avalages nocturnes dans Les Vilaines de Camila Sosa Villada (Tusquets Editores, 2019) », Loxias, 2022-06-16. URL : https://hal.science/hal-04262310