Mot introductif des organisateurs.
Damien Jérôme Albert Bazin, Mantiaba Coulibaly-Ballet
Résumé :
International audience
L’analyse économique de l’environnement suppose le plus souvent la rationalité des acteurs. Elle en déduit en conséquence l’efficacité d’outils incitatifs ou de communication qui visent à promouvoir durablement des comportements pro-environnementaux. En présence d’irrationalités ou de biais de nature émotionnelle, ces outils s’avèrent cependant d’une efficacité limitée. Il est dans ce cas utile de se tourner vers l’économie des émotions qui permet de saisir leur influence potentielle sur les croyances et les comportements individuels. Dans le cas particulier du changement climatique, des émotions comme la peur, la colère ou même l’espoir peuvent-elles être mobilisées pour modifier les habitudes individuelles et contribuer ainsi à la mitigation du climat ? Doivent-elles être au contraire contrôlées ? Cela dépend-il de la valence d’une émotion ? De son intensité ? De sa qualité ? De sa dimension collective ?A partir des travaux de Hartmut Rosa, John Dewey, Walter Benjamin, et Robert Misrahi, nous interrogeons notre rapport au temps et à la nature, l'un et l'autre étant étroitement imbriqués. Ce qui sera défendu : 1) nous vivons dans un temps compressé, 2) notre relation à la nature n'échappe pas à cette règle, 3) notre rapport à la nature est un rapport à une nature fragmentaire, 4) pour cette raison les émotions que nous vivons en relation à la nature sont de l'ordre de la distraction, et 5) cela explique notre incapacité à mener une action collective pour la protéger et agir contre le changement climatique. Il en découle qu'il faut revenir à une forme de relation à la nature fondée sur la contemplation et une éthique de la joie.Par ailleurs, la répétition des conséquences néfastes du réchauffement climatique au cours de ces dernières décennies, interroge de plus en plus de consommateurs sur leurs habitudes de consommation et leur rapport à la nature. Au-delà de la qualité perçue du produit, et de son prix (Monroe et Krishnan, 1985) les individus perçoivent d’autres bénéfices dans les produits tels que les bénéfices affectifs et émotionnels (Sheth et al., 1991). Quel l’impact ces émotions peuvent-elles avoir sur la consommation des individus dans le contexte climatique actuel ? quelles sont les conséquences sur leur rapport à la nature, leur responsabilité sociétale et environnementale ? Que se passet-il sur le marché du commerce équitable pour favoriser une consommation de produits équitables ?Nous présentons dans ce workshop ces réflexions autour de notre relation à la nature, des émotions qui en découlent face aux changements climatiques et pour parvenir à une consommation responsable.
Date de publication : 2022-06-08
Citer ce document
Damien Jérôme Albert Bazin, Mantiaba Coulibaly-Ballet, « Mot introductif des organisateurs. », NEC, 2022-06-08. URL : https://hal.science/hal-04563983