La Nouvelle Héloïse, roman politique

Colas Duflo

Résumé :
International audience
La dimension politique de La Nouvelle Héloïse est manifeste : affirmée dès la préface, elle s’exprime particulièrement dans les lettres qui décrivent la bonne organisation de la petite société de la famille Wolmar. Mais y a-t-il une pensée politique du roman ? Comment ces discours appartiennent-ils à une trame narrative qui les suscite et dans laquelle ils prennent sens en même temps qu’ils l’éclairent ? Quel est le sens politique de ce scénario romanesque qui prend son point de départ dans la différence irréductible des conditions dans une société d’ordre ? L’impossible amour de la noble Julie et du roturier Saint-Preux pourrait être un lieu commun romanesque ; il s’agit d’abord un authentique problème politique. La conversion de Julie, et de tout le roman, à partir du mariage de l’héroïne, consiste en un effort pour passer du refus à l’acceptation de cette différence irréductible des conditions et à travailler autant que faire se peut à produire les modalités objectives de son acceptation subjective. Cette pensée politique du roman, délibérément conservatrice, est cependant travaillée par un doute que toute la fin exprime : il n’est pas du tout certain que le domaine de Wolmar soit seulement vivable.
Date de publication : 2021-12-15
Type de document : Article dans une revue
Affiliation : Centre des Sciences des Littératures en Langue Française (CSLF) ; Université Paris Nanterre (UPN)
Source : hal-03832560

Citer ce document

Colas Duflo, « La Nouvelle Héloïse, roman politique », Loxias, 2021-12-15. URL : https://hal.science/hal-03832560