La Légende du processeur d’histoire

Serge Lehman

Résumé :
S’il n’est pas possible de définir la science-fiction à partir de thèmes ou de contenus qui lui seraient propres, on peut en revanche s’appuyer sur le sense of wonder, l’expérience esthétique de l’émerveillement ou du vertige invoquée par les lecteurs pour attribuer le label aux textes, même lorsque ceux-ci ne sont pas le fait d’auteurs spécialisés. Cette expérience est le fruit d’un usage particulier du langage qui consiste à interpréter les métaphores de façon littérale, à les considérer comme situations et objets concrets avant toute chose ; La Machine à explorer le temps de Wells et La Recherche du temps perdu de Proust jettent sur ce problème de frontière entre littérature et SF une lumière significative. Une remarque de Georges Steiner sur l’emploi ambigü du terme “ungeziefer”; (vermine), dans La Métamorphose de Kafka et les discours antisémites d’Hitler (trompeusement figuré, en réalité littéral), permet d’amorcer une réflexion sur un nouveau type de causalité, dont la SF pourrait être le foyer, et d’émettre une hypothèse sur les structures archaïques de la subjectivité dont l’essence “magique”; (achronique, aspatiale, acausale) se reflèterait dans une telle ambiguïté.
Date de publication : 2006-11-15

Citer ce document

Serge Lehman, « La Légende du processeur d’histoire », Cycnos, 2006-11-15. URL : http://epi-revel.univ-cotedazur.fr/publication/item/609