"Voir ce qui doit être fait". Les affordances sociales en question(s)
Laurence Kaufmann, Fabrice Clement
Résumé :
National audience
Pour une grande partie des sciences sociales, l’unité ontologique du monde social est la relation sociale. Mais de quel type de relation s’agit-il ? Pour y répondre, il n’est pas inutile de faire un détour par le registre relationnel que mettent en évidence la primatologie et la psychologie du développement. En effet, le registre relationnel auquel les primates non-humains et les très jeunes enfants nous rendent attentifs consiste en des formes d’interactions réciproques, des enchaînements d’action et de réactions régies par des attentes mutuelles et des projections de réponse. Ces attentes sont normatives car elles indiquent ce qui est approprié de faire dans telle ou telle configuration relationnelle et peuvent déclencher des représailles en cas de « déviance ». Or, de telles attentes se présentent en situation, c’est du moins notre hypothèse, comme des affordances perceptuelles, émotionnelles et déontiques. La démarche qui consiste à appréhender les configurations relationnelles sous leur angle « affordantique » a un avantage majeur. Il implique une forme de parcimonie tout à la fois cognitive et ontologique qui souligne la dépendance entre la perception et l’action : la perception est organisée par l’anticipation de l’action à accomplir et de l’interaction à mener à bien. Les affordances permettent ainsi aux individus de voir quelle est la bonne manière de réagir à tel ou tel comportement sans avoir recours à des normes explicites ou à des capacités métareprésentationnelles. Ce sont les différentes dimensions des affordances relationnelles ainsi que les formes d’apprentissage qui leur sont associées qui seront au cœur de cette présentation.
Date de publication : 2023-06-12
Citer ce document
Laurence Kaufmann, Fabrice Clement, « "Voir ce qui doit être fait". Les affordances sociales en question(s) », Jecis, 2023-06-12. URL : https://hal.science/hal-04199839