Impossible d’exercer la musicothérapie sans modèle(s) théorique(s)
Titre alternatif :
Editorial: Impossible d’exercer la musicothérapie sans modèle(s) théorique(s)
Résumé :
Impossible d’exercer la musicothérapie sans modèle(s) théorique(s)
This issue of our digital journal of the Revue Française de Musicothérapie is the first to be directly in the new government archiving framework H.A.L.After a brief history of our review, we present four psychoanalytically oriented articles including one written by an Italian colleague, one neuroscientific oriented article, one practical article concerning the place of the music therapist in an institution, and a text in our professional chronicle describing the path of professionalization in Canada of a French music therapist.
Notre Revue Française de Musicothérapie fait peau neuve et devient référencée sur les sites d’archivage H.A.L. et Epi-revel. C’est le fruit du travail d’une équipe basée à l’Université de Nice, qui a proposé que notre vieille revue, créée il y a quarante ans à l’Hôpital de La Roche Sur Yon par le Docteur Pierre Pennec, et le Professeur Édith Lecourt, en même temps que l’Association Française de Musicothérapie soit référencée. Nous pouvons continuer à remercier Jean-Luc Mutchsler, Musicothérapeute dans cet Hôpital de la Roche sur Yon, dans un joli coin de Vendée, car il s’est impliqué énergiquement avec le secrétariat de son service de rattachement, afin que ce document papier si précieux pour les musicothérapeutes français puisse être édité pendant plus de trente années. Nous pouvons remercier également le Professeur Jean-Michel VIVES, de l’Université de Nice, qui nous a aidé à effectuer le virage du Net en nous intégrant au catalogue RevEl@Nice, et en missionnant Frédéric di Bisceglie, qui est notre « metteur en ondes musicothérapiques ». Les articles diffusés ont été longtemps le fruit de communications effectuées lors des Journées Scientifiques organisées par le Professeur Edith Lecourt à l’Université Paris Descartes, et aussi des textes libres, bien souvent cliniques, qui avaient l’avantage de proposer aux collègues musicothérapeutes des outils techniques bien utiles. Avec les années, la pensée musicothérapique s’est affinée, les expériences se sont multipliées. Si le chef de file de la musicothérapie psychanalytique, en France notamment, a été et reste le Professeur Édith Lecourt, d’autres façons d’appréhender cette discipline, de la penser et de la pratiquer, ont été tentées et se sont développées dans le monde entier. Sans doute, s’imprégner de modèles théoriques différents de ceux qui nous ont été enseignés représente-t-il un effort particulier de la part des musicothérapeutes : il faut aller chercher des textes publiés dans d’autres langues que le français, et dans d’autres pays ? Souvent d’ailleurs les différences se font d’abord à partir des dispositifs, plus que des modèles de pensée théoriques. Il existe en effet des différences essentielles dans ces dispositifs, concernant par exemple la prise de parole du musicothérapeute en séance : ainsi Rolando Benenzon préconise une implication physique et musicale du musicothérapeute dans sa relation thérapeutique avec son patient en séance, (avec élaboration théorique dans l’après-coup de la séance), tandis que la plupart de nos dispositifs français mettent le musicothérapeute en scène verbalement tout autant que musicalement. Le numéro du début d’année 2022 de la Revue Française de Musicothérapie permet la publication d’articles très élaborés, qui proposent des approches explicatives des phénomènes survenant en séance s’appuyant sur l’écoute psychanalytique (Oscar Pisanti et Christine Falquet), ou mythologique élargie à la psychanalyse (Anthony Brault et Agostino Trotta), et également neuroscientifique (Marie Orantin).Marie Orantin nous dit : « La clinique nourrit la théorie… » et « … La théorie éclaire la clinique ». Il faut rappeler qu’un musicothérapeute qui n’est pas psychanalyste aura du mal à prendre une posture psychanalytique et pourra cependant exercer son métier de manière efficace. Ses objectifs ne seront probablement pas l’écoute de l’inconscient de ses patients et l’analyse de sa relation trans-subjective avec eux. Cependant le travail musicothérapique pourra être opérant. Peut-être le musicothérapeute sera-t-il plus attentif aux variations de comportements de ses patients, de leur gestuelle, de la qualité de leur voix, ou bien à l’émergence de certains affects qui pourront être mentalisés et mis en mots, à l’émergence même de mots chez certains patients qui n’avait pas accès à la parole, en un mot à l’aspect clinique de la séance qu’il mène. Peut-être même sera-t-il sensible à l’évolution de la structuration du discours musical en musicothérapie active ? L’Association Française de Musicothérapie, ne l’oublions pas, revendique son statut de « transculturel » qui permet à des musicothérapeutes non psychanalystes d’y adhérer et de s’y épanouir. Les articles du premier numéro de l’année 2022 de la Revue Française de Musicothérapie sont d’essence très psychanalytique pour quatre d’entre eux. Ils trouveront un équilibre dans la publication d’articles à venir à tonalité plus pratique dans un prochain numéro. La qualité des articles collectés dans ce numéro est toutefois indéniable et dynamisante pour le lecteur musicothérapeute, qui vérifie une fois de plus combien notre médium, la musique, nous échappe sans cesse dans sa définition et dans les effets qu’il produit sur ses auditeurs.
Date de publication : 2022-05-02
Citer ce document
Nicole Duperret-Gonzalez, « Impossible d’exercer la musicothérapie sans modèle(s) théorique(s) », Revue française de musicothérapie, 2022-05-02. URL : https://hal.science/hal-03720579