L’aigle sur la mer : administrateurs, représentants et agents d’encadrement du commerce impérial en Méditerranée (1711-1780)
Résumé :
International audience
Ce travail porte sur la circulation du pavillon impérial, c’est-à-dire sur l’étendard que les sujets dits « impériaux » hissent en haut des mâts de leurs navires pour signifier leur origine et se revendiquer de la protection de l’empereur du Saint-Empire au XVIIIe siècle. Le pavillon, en tant que support de représentation de soi et en tant qu’outil de projection de la souveraineté vers l’espace liquide de la mer, offre de précieux renseignements sur ce qu’un État se propose de faire, en vertu de quelles idées, mais aussi à la faveur de quelles prérogatives. Plus particulièrement, il s’agit ici de reconstituer la sphère d’action du personnel chargé de coordonner l’usage et les circulations du pavillon en mer ; cela doit permettre de saisir sur le vif les modalités concrètes de déploiement des projets maritimes de l’empereur et de comprendre à quels égards la diffusion de l’étendard parmi les gens de mer constitue un pivot essentiel au sein de ces projets. L’objectif est de dépasser le double paradigme de faiblesse et d’archaïsme dysfonctionnel longtemps associé à l’espace impérial en démontrant qu’un semis d’agents impériaux se développe, se professionnalise et se dissémine au cours du XVIIIe siècle, contribuant à donner une expression juridique et administrative très concrète aux ambitions de l’empereur. Entre le début du règne de Charles VI de Habsbourg (1711) et la fin du règne de sa fille Marie-Thérèse (1780), le nombre d’individus investis d’un rôle d’information, de protection et de juridiction local augmente à l’échelle du bassin méditerranéen ; en parallèle de cet étoffement administratif, le nombre d’usagers du pavillon impérial augmente – et avec lui, le nombre de cas de litiges associés aux droits et privilèges que ce pavillon est censé garantir. De fait, il ressort de l’examen de l’action des consuls, informateurs, diplomates et représentants que le pavillon active des mécanismes de sujétion et de protection fortement ancrés aussi bien dans le droit d’Empire que dans les us et coutumes de l’espace méditerranéen. Loin de constituer un cas à part, le pavillon impérial offre donc un angle d’analyse opérant sur des dynamiques régionales partagées – en même temps qu’un outil heuristique précieux pour envisager la déclinaison de ces dynamiques dans le cadre impérial du XVIIIe siècle.
Date de publication : 2024-02-23
Citer ce document
L’aigle sur la mer : administrateurs, représentants et agents d’encadrement du commerce impérial en Méditerranée (1711-1780), 2024-02-23. URL : https://hal.science/hal-04611307