De l’Australie au Pas-de-Calais. Le baron Dumont de Courset et la circulation/ l’acclimatation des Protea de l’expédition Baudin
Abstract :
International audience
Entre 1800 et 1804, une expédition commandée par Nicolas Baudin (1754-1803) rapporte plus de 1 000 espèces de graines australiennes en France, une quantité jamais vue auparavant. Établi dans son château de Courset, situé entre Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer, le baron agronome Georges Louis Marie Dumont de Courset (1746-1824) reçoit des graines de 120 espèces différentes du Muséum d’histoire naturelle de Paris. Dans le même temps, il publie Le botaniste cultivateur ; ou, Description, culture, et usages de la plus grande partie des plantes étrangères, naturalisées et indigènes, cultivées en France, en Autriche, en Italie, et en Angleterre, rangées suivant la méthode de Jussieu (1802-1805) et devient membre correspondant de l’Institut national, au titre de la classe des Sciences.Au travers d’archives inédites, il est possible de connaître les espèces reçues par Dumont de Courset et de suivre leur redistribution, une fois acclimatées, au sein de la « République naturaliste » (LACOUR, 2014) dont reste ici à tracer une première esquisse du réseau de l’expédition Baudin.Il s’agit tout d’abord de localiser les zones de récoltes des graines reçues par Dumont de Courset, au travers des récits de voyage et des correspondances. À titre d’exemple, qu’elle est la provenance des graines de Protea de Dumont de Courset ? Les récits de voyages et les inventaires de l’expédition indiquent deux lieux de prélèvements : la baie de Bernier et la baie du Géographe. En outre, les inventaires mentionnent 6 caisses de graines chargées à Sydney, dont deux sont réservées à André Thouin (1747-1824), professeur au Muséum d’histoire naturelle. Il y a fort à parier que ces deux caisses contiennent les graines de Protea.Une fois acheminée vers le Muséum d’histoire naturelle, carrefour de redistribution, certaines graines sont classifiées et insérées dans les serres de l’institution alors que d’autres sont redistribuées. Le professeur André Thouin est le pivot de cette pratique de partage. Entre 1803 et 1804, il envoie bien 120 espèces de graines australiennes à Dumont de Courset, choisies « au juger » précise l’inventaire de l’« état de la distribution de semences ».Réceptionnées au château de Courset, le baron tente d’acclimater les semences. Cependant, sur les 120 paquets reçus, 40 sont altérés par le froid de la région et ne peuvent germer. Le 25 juillet 1804, l’acclimatation des graines australienne fait l’objet d’une lettre de Dumont de Courset à André Thouin. L’amateur de botanique note avoir réussi à faire lever 75 espèces, telles que les Protea. Il devient aussi un contributeur de savoir en offrant au professeur Thouin les Protea germées. Ces allers-retours des graines australiennes entre le Pas-de-Calais et Paris sont des phénomènes que l’on peut aussi observer à une échelle européenne. Dans cette pratique de partage, Dumont de Courset redistribue ainsi une partie de ses graines au professeur de botanique de Pavie, Domenico Nocca (1758-1841).Cette étude vise à restituer ce processus de redistribution des prélèvements parvenus jusqu’en Europe depuis la Nouvelle-Hollande, les liens personnels et institutionnels qu’il active comme les contributions à l’élaboration d’un savoir naturaliste qu’il permet.
Keywords :
Botanique - 18e siècle
Published : 2023-02-17
Citation
De l’Australie au Pas-de-Calais. Le baron Dumont de Courset et la circulation/ l’acclimatation des Protea de l’expédition Baudin, 2023-02-17. URL : https://hal.science/hal-04611085