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Derniers articles
Les communautés humaines sont faites de valeurs qui sous-tendent les réalités socioculturelles. À ce titre, les sociétés traditionnelles ouest-africaines s’illustrent par leurs codifications imagières. Cette spécificité façonne leurs identités et sculpte leurs visées et menées sociohistoriques. À ce propos, le milieu bamanan du Bèlèdougou, résultante de sa très riche culture, use de diverses images pour distiller ses valeurs cardinales. Sous leur couvert, les Bamanan vivifient les manifestations religieuses et parareligieuses qui ponctuent la vie de la communauté. Des sociétés d’initiation aux activités anodines, ils accordent une importance singulière à l’image de l’homme et de la femme. Leurs images ont différentes dimensions socioculturelles voire ethno-philosophiques. De la circoncision au mariage traditionnel (Fura), l’image d’un individu repose sur un symbolisme explicite qui détermine son intégration, sa réussite ou son échec dans les entreprises à venir. De ce fait, les Bamanan accordent une place de choix aux différentes images de l’être humain. C’est tantôt une expression porteuse de son identité, tantôt une piste de lecture pour le cercle des initiés. L’image nécessite un décryptage initiatique, sous la dictée de la cognition sociale, qui constitue toute une science dans cette oralité multiséculaire. Cette étude analyse, par des investigations qualitatives, d’une part les images de l’être humain et leur portée au quotidien, d’autre part, le didactisme des images dans les arcanes confrériques bamanan et la modernité. ...more
[hal-03871192] Faire-exposition. Les apports d'une ethnographie pragmatique
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L’absence de la mère dans les romans écrits sous le franquisme a été remarquée par plusieurs critiques. Les héroïnes des œuvres d’Ana María Matute, d’Elena Quiroga et de Rosa Chacel font partie de ces personnages orphelins de mère, et ce manque maternel est à questionner dans la mesure où l’absence de cette dernière provoque la création de son image, reconstruite à partir des lambeaux des discours d’autrui. La mère devient paroles rendues images. N’est-ce pas là la fonction de la métaphore, qui se sert du pouvoir imagé de la langue pour combler les lacunes de la parole objective ? L’absence de la mère chez Matute, Quiroga et Chacel est d’autant plus métaphore qu’elle permettrait, d’après des chercheur.e.s comme Guadalupe María Cabedo, la remise en question d’une société franquiste inhibitrice. Nous nous proposons donc de nous interroger sur la création narrative de la figure de la mère qu’opèrent les narratrices des œuvres Tristura, Escribo tu nombre, Memorias de Leticia Valle et Primera memoria : comment son absence autorise l’introduction de substituts qui forment des stéréotypes de femmes de la société franquiste ? Comment la présence de la mère inconnue dans le discours de l’Autre permet sa création narrative par la narratrice ? Comment la mère se fait-elle elle-même métaphore de la contrainte sociale dans le contexte historique de l’Espagne franquiste ? ...more
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Les Gilets Jaunes sont apparus dans l’espace public et médiatique français en 2018. Ils ont entrainé une évolution sociale forte qui continue encore aujourd’hui de modifier les modalités de compréhension des événements français dans les médias nationaux. Le choix d’occupation de lieux inédits (les ronds-points, les places publiques) ainsi que la façon innovante de manifester (lieux symboliques, récurrence hebdomadaire du samedi) ont impliqué également une représentation différente dans les médias étrangers. Des journaux internationaux comme El País, en Espagne, ont suivi de très près toutes ces manifestations. Plusieurs de ses articles ont porté sur ce mouvement, parmi lesquels on retrouve des photographies des journées de manifestations qui avaient pour but de faire comprendre les requêtes des manifestants. Lorsque ce journal présente une sélection de photographies de différents photographes accompagnées d’une légende, la représentation des Gilets Jaunes est alors particulière, parfois stéréotypée, mais toujours narrativisée. Il s’avère donc intéressant de se demander comment l’esthétique iconique dévoile une mise en récit. Pour cela, nous mettrons en exergue les vêtements et couleurs des habits des manifestants sur les photographies, ainsi que les drapeaux qu’ils portent et nous étudierons ce que les éléments iconiques choisis racontent et comment ils « construisent » ensemble un récit. Les Gilets Jaunes sont-ils montrés comme des criminels ? Les dégâts qu’ils causent dans les villes apparaissent-ils sur les photos ? Dirions- nous que les manifestants sont nombreux d’après les photographies ? Quelle est la réaction des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) ? Nous répondrons à toutes ces questions en nous basant sur l’esthétique iconique présentée par le journal espagnol El País. ...more
[hal-03871173] Images et temporalités de l'effondrement
L’Effondrement, série télévisée réalisée en 2019 par les « Parasites », relate la chute de la civilisation industrielle. Le collectif d’auteurs s’est inspiré de la théorie de l’effondrement pour écrire le scénario des huit épisodes, filmés en plan-séquence. Ce choix de réalisation conduit à interroger les temporalités de la série. En premier lieu, le plan-séquence saisit le temps de l’urgence à laquelle les personnages sont confrontés et contraint l’instant de la décision à l’immédiateté de l’action. Il impose en revanche des contraintes scénaristiques qui déréalisent le temps de l’effondrement. En second lieu, la structure narrative de la série opère une boucle temporelle et fait écho au « temps du projet » tel que défini par Jean-Pierre Dupuy, sans en respecter toutefois le sens. En troisième lieu, la série inscrit son action dans le temps de la survie en situation d’effondrement. Confrontés à la violence et au danger, certains personnages font preuve d’individualisme et d’autres d’altruisme, tandis que deux modèles d’organisation sociale tentent d’assurer la survie de leurs membres. L’histoire humaine serait ainsi amenée à poursuivre sa course, malgré la chute de la civilisation. En suivant l’historien Lucian Boia, nous proposons de relier cette représentation à la structure archétypale du déchiffrement de l’avenir, qui constitue l’invariant dans les récits de la fin du monde. ...more
[hal-03871471] La fabrique de l'image d'Óscar Muñoz
Né en 1951 à Popayán (Colombie), Óscar Muñoz est l’un des artistes contemporains les plus influents de son de la scène latino-américaine mais aussi internationale ; c’est précisément cette renommée qui a convaincu le Musée du Jeu de Paume de lui consacrer en 2014 une exposition intitulée « Protographies ». Derrière ce néologisme, il nous faut comprendre l’importance accordée par l’artiste non à l’instant de la prise de vue photographique, mais au moment antérieur à celui où l’image est fixée définitivement sur le papier. Et c’est précisément cet instant où l’image se fabrique sous nos yeux que nous souhaiterions aborder au cours de cet article. ...more
[halshs-01990513] La cavalcade de Florence de 1511 : un Triomphe de la Mort
En 1511, le peintre Piero di Cosimo (Florence, 1462-1522) se voit confier la réalisation de la cavalcade du carnaval de Florence. Préparée dans le plus grand secret, elle consiste en un Triomphe de la Mort, que le public découvre médusé et effrayé. La description qu'en livre Giorgio Vasari cinquante ans plus tard montre que sa symbolique puise dans celle des Triomphes, dans la continuité de ceux de Pétrarque (1304-1374), mais aussi dans une mise en scène du macabre, que de nombreuses représentations médiévales, comme celle du Palazzo Sclafani de Palerme (1446), illustrent parfaitement. Par ailleurs, la scénographie de la cavalcade florentine de 1511 respecte tous les codes musicaux, instrumentaux et sonores de la mort et du macabre, présents dans un immense corpus parmi lequel figurent les danses macabres et le thème de la Chasse Sauvage, auquel, indéniablement, cette cavalcade emprunte également. Quoi qu'il en soit, cette mise en scène du thème du Triomphe de la Mort, semble-t-il publique pour la première fois, a fortement marqué les esprits de la Renaissance, à l'image de Pieter Brueghel l'Ancien (c. 1525-1569) qui a peint en 1562 son fameux Triomphe de la Mort (Prado, Madrid), une réplique assez exacte de l'œuvre de Piero di Cosimo. ...more
[halshs-02319788] The Materiality of Virtuality: Towards an Intensification of Invisibilities
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[halshs-01990535] Des danses macabres au grotesque : expressions de l'Espagne médiévale
Le passage de vie à trépas, le mystère eschatologique, la quête de sens qui en résulte, constituent certaines des préoccupations majeures de la société médiévale : autant d'éléments qui ont été inclus dans les pratiques sociales, qu'elles soient profanes ou liturgiques, et ont donné lieu à des manifestations culturelles et artistiques. Cette étude s'attachera à découvrir le message porté par la fresque du couvent Saint-François de Morella qui montre un ensemble historié comprenant une danse macabre. La mise en lien avec d'autres manifestations, festives et populaires comme le Carnaval, ou cultes, telles les Stances sur la mort de son père de Jorge Manrique, permet de mettre en lumière la complexité du contexte idéologique de l'époque. Ainsi, toute empreinte de la nouvelle sensibilité humaniste, la fresque de Saint-François de Morella témoigne des croyances et des mentalités du début du XVe siècle en Pays Valencien et, plus généralement, en Espagne. ...more
Cet article se propose de replacer dans leur contexte les célèbres gravures du Mexicain José Guadalupe Posada (1852-1913) représentant des calaveras-ces squelettes semblant plus vivants que les vivants, qui dansent, boivent, se courtisent ou font des plaisanteries grivoises-, lesquelles font aujourd'hui partie intégrante de l'iconographie instituée de la fête des morts au Mexique, mêlant images de la mort et représentations festives. La majorité de ces gravures furent en effet publiées sur des « feuilles volantes » issues de l'imprimerie d'Antonio Vanegas Arroyo (1850-1917), où leur fonction était d'illustrer des calaveras literarias, soit des compositions poétiques de caractère également populaire essentiellement écrites à l'occasion de la fête des morts. L'esthétique de « jovialité sinistre » et la visée satirique qui se déploient dans ces pages nous ont amené à explorer les origines de cette tradition visuelle et orale d'importance au Mexique, en la mettant notamment en lien avec le motif des danses macabres européennes ; l'analyse des interactions qui s'établissent entre texte et image dans la construction d'un humour subversif qui emprunte au macabre nous a, de plus, conduit à rapprocher ces gravures et ces poèmes des expressions carnavalesques telles qu'elles furent définies par Mikhaïl Bakhtine dans les années 1970. ...more
Maître de conférences en études américaines Université Paris 8 sandrinevillers@hotmail.com Sandrine Villers est maître de conférences en études américaines à l'Université Paris 8. Elle a obtenu un premier doctorat de littérature et de civilisation américaines à Paris 4, puis un Ph.D. de littérature et de cinéma comparés à Tulane University. Elle a écrit entre autres un essai sur le théâtre de Tennessee Williams et de nombreux articles sur le cinéma américain. Résumé : Concepteur de la politique des auteurs via son article de critique mordant « Une certaine tendance du cinéma français » publié en 1954 dans Les Cahiers du cinéma et devenu le manifeste de la Nouvelle Vague, François Truffaut, le metteur en scène, prouve quelques années plus tard que même en adaptant des auteurs très éloignés de lui, un réalisateur peut parvenir à la fois à comprendre l'esprit du roman original et à introduire son propre univers. Sandrine Villers montre comment Tirez sur le pianiste, La mariée était en noir, la Sirène du Mississippi, Une belle fille comme moi et Vivement dimanche !, tous tirés de romans de série noire, sont devenus des classiques truffaldiens au même titre que la série Doinel, le Dernier Métro, ou la Femme d'à côté. ...more
La mascarade caractérisée par des inversions sexuelles et politiques a souvent été appréhendée comme une survivance païenne en terre d'Islam. Ainsi, lors de la période coloniale, de nombreux travaux s'intéressant à l'Afrique du Nord ont essayé de séparer les rituels et les pratiques populaires de l'orthodoxie musulmane, voyant dans ces pratiques les résurgences d'une ancienne religion. Une relecture des rituels-et notamment de la mascarade et du sacrifice musulman « Aid El Kébir »-à la lumière de certains travaux, notamment ceux de Abdallah Hammoudi, révèlent au contraire les articulations nécessaires entre orthodoxie et rituels populaire. ...more
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[halshs-01990589] Todos Santos Una mirada a la relación del mexicano con la Fiesta y la Muerte
Cet essai revient sur la genèse de la série picturale Todos Santos, qui se présente comme une mise en images de narrations-souvenirs autour des accidents intervenus à Tultepec, municipalité mexicaine dans laquelle je vis et dont le quotidien est marqué par les nombreuses explosions liées à la fabrication pyrotechnique, activité principale de ses habitants. En tant qu'artiste plastique, je cherche ici à expliquer ma démarche créative et à mettre à jour les sources littéraires-particulièrement l'essai d'Octavio Paz duquel est tiré le nom de cette série et qui a inspiré mon sentiment de « mexicanité »-ou visuelles-la tradition des ex-voto-qui ont nourri ce travail. Mais Todos Santos représente surtout pour moi une occasion de questionner le lien entre mort, fête et pensée magique dans le Mexique contemporain et me permet de proposer ici une chronique, une méditation libre sur mon pays, pays métisse où la violence n'a d'égal que le besoin de festivités et de rituels, et dont les manifestations populaires m'apparaissent à bien des égards comme carnavalesques. Resumen En este ensayo, intento explicar la génesis de la serie pictórica Todos Santos, elaborada a partir de narraciones-recuerdos de accidentes que tuvieron y tienen lugar en Tultepec, mi pueblo natal, municipio mexicano marcado por las numerosas explosiones ocasionadas por la fabricación artesanal de material pirotécnico. Como artista plástico, me interesa desentrañar los mecanismos creativos que me llevaron a crear las piezas de Todos Santos. Asimismo, quiero volver sobre las fuentes que nutrieron este trabajo, las fuentes visuales-particularmente, la tradición de los exvotos-y literarias-especialmente, el ensayo de Octavio Paz al que hago referencia con el título y que me inspiró un profundo sentimiento de "mexicanidad"-. Más aún, la serie Todos Santos me permite cuestionar la relación que existe, para el mexicano, entre muerte, fiesta y pensamiento mágico. Propongo aquí una crónica, una reflexión libre sobre los elementos cotidianos y carnavalescos de mi país, país mestizo en donde la violencia parece mezclarse con la necesidad de festividades y rituales. ...more