Cycnos | Volume 32.1 - Traversée d'une œuvre : Crossing the river de Caryl Phillips | I. Échos, symétrie, renversement
"For beyond this trading community lies family life" : filiation et écriture dans Crossing the River
Résumé :
International audience
This paper examines the relationship between filiation, affiliation and writing in Crossing the River. First, it examines the diversity of literary genres incorporated, revisited and juxtaposed in a novel often defined by its polyphonic structure. This analysis leads to a study of the ways in which family ties, and particularly the links between parents and children, are staged in the text through a complex pattern of repetitions and inversions. The echoes which connect, and sometimes oppose, the various parts of the novel suggest that repetition and inversion are the tools through which family identity is constructed throughout the novel. The reason behind these textual strategies may also lie in the novel’s intention to stage a family romance, but not in the traditional Freudian sense of the term; what emerges from Crossing the River may be more aptly described as a genealogical romance which “familialises” the collective myth of slavery, articulating individual and collective issues through the figures of the “guilty father” and his children.
C'est ainsi que Jenny Sharpe définit le rôle de la fiction visà-vis de l'esclavage. La lecture de Crossing the River semble confirmer ce diagnostic. Encadré par deux sections sans titre, le roman convoque les fantômes de l'esclavage. Ainsi « The Pagan Coast » nous montre un Edward Williams hanté par le souvenir de Nash et recherchant son fantôme jusqu'au Liberia, où il l'a envoyé, provoquant indirectement sa mort. À ce fantôme d'un ancien esclave mort de l'autre côté de l'océan répond celui du père de James Hamilton, mort, lui aussi, sur des rivages lointains. Martha semble, elle aussi, parler depuis l'au-delà dans « West », où des sections écrites à la troisième personne et au passé alternent avec des sections écrites à la première personne et au présent, convergeant vers la mort de Martha, dépouillée de son nom. Enfin, dans la quatrième partie, c'est l'esclavage qui a acquis le statut de fantôme puisque l'action se déroule « somewhere in England » entre 1936 et 1963, et que la présence de l'esclavage est indirecte, à travers Travis, le GI noir, et ses camarades, venus combattre en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il apparaît donc immédiatement que la « rivière » qui est traversée dans le titre ne renvoie pas seulement aux traversées physiques induites par l'esclavage, traversée de l'océan Atlantique ou de rivières, mais aussi à une traversée métaphorique vers les rivages de la mort, d'où nous parlent les voix regroupées dans Crossing the River, comme le suggèrent les derniers mots du roman : « There is no return. A desperate foolishness. The crops failed. I sold my beloved children. Bought 2 strong man-boys, and a proud girl. But they arrived on the far bank of the river, loved 1 » (CR 235).
Mots-clés :
slavery, neo-slave narratives, psychoanalysis, affiliation, children, literary genres, filiation, family
Date de publication : 2016
Citer ce document
Mélanie Joseph-Vilain, « "For beyond this trading community lies family life" : filiation et écriture dans Crossing the River », Cycnos, 2016. URL : https://hal.science/hal-01412204