Central Park, allégorie de l’espace démocratique dans la comédie hollywoodienne des années 1930

Grégoire Halbout

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Résumé :
Article paru dans Cycnos, numéro spécial sur les deux questions de civilisation américaine au programme de l’agrégation,“Les Années Roosevelt (1932-1945)”, et “Frederick Law Olmsted et le park movement américain”, publié par L’Harmattan.
International audience
Urban parks – and particularly Central Park in Manhattan – provide a recurrent narrative motif in classical Hollywood comedy of the 1930s. This film genre depicts an idyllic public space conducive to miraculous encounters and the recognition of love. Central Park sequences provide one of the many visual and spatial characteristics of this film category, and echo Frederick Law Olmsted’s idealistic vision of the park as a major democratic development. At a time when American national unity was being challenged, Hollywood took part in a global effort to defend democratic values. The film industry helped breach the gap between private identity and the public ideal of solidarity.
D'émblée, rien ne semble rattacher cet urbaniste, concepteur du parc situé au centre de Manhattan, achevé en 1873 et d'une superficie de trois cent quarante hectares, avec un genre cinématographique considéré dans sa période classique à partir de 1934. Et pourtant, de part et d'autre, il s'agit bien d'utopie et d'une vision idéalisée de la démocratie. En 1858, Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux gagnent le concours pour l'extension du parc new-yorkais, avec un projet intitulé « Greensward Plan ». La même année, dans une lettre écrite le 1 er août à Parke Godwin, Olmsted souligne l'importance du projet, « premier véritable parc conçu dans le pays » et qui constitue « une initiative démocratique de la plus haute importance » (Scobey : 16). C'est un plaidoyer destiné à rallier à son entreprise ce rédacteur en chef réputé, d'obédience républicaine. En 1946, à un siècle d'écart, Murray Silverstone, président de la Fox, résume une décennie d'efforts hollywoodiens pour la défense de la démocratie : « Le cinéma représente une des plus puissantes formes d'expression et de persuasion. […] Il peut avoir une contribution vitale au maintien de la paix, au progrès et à la sécurité » (Ingliss : 179). Le rapprochement entre un genre fictionnel qui s'attache à promouvoir le brassage des classes, en même temps que l'unité sociale, et un espace urbain particulièrement symbolique de la socialisation, comme le parc, n'a rien d'accidentel. Soixante ans après l'achèvement des travaux d'aménagement de Central Park, les comédies hollywoodiennes, dans le cadre de leurs stéréotypes narratifs, y situent l'une des étapes rituelles du parcours sentimental et amoureux du couple principal (« romantic pair »). C'est aussi dans ces mêmes années 1930 que Central Park (et l'ensemble des espaces verts de la ville de New York) retrouve son lustre et sa fonction après des décennies d'abandon, à l'initiative de Fiorello LaGuardia, élu maire de cette ville en 1934. Le parc, selon Olmsted, est un projet collectif et un espace social.
Date de publication : 2014-04
Type de document : Article dans une revue
Affiliation : Interactions Culturelles et Discursives (ICD) ; Université de Tours (UT)

Citer ce document

Grégoire Halbout, « Central Park, allégorie de l’espace démocratique dans la comédie hollywoodienne des années 1930 », Cycnos, 2014-04. URL : https://shs.hal.science/halshs-01757249