James Sacré

Béatrice Bonhomme, Jacques Moulin, Tristan Hordé

Résumé :
International audience
Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, septembre 2010.Éditions de La Lettre volée, Revue L'Etrangère n° 29-30, 2012, 530 pages.Le poème est-il cette chose étrange, déceptive, alliée au contentement, au mouvement général de la vie, naissance et mort conjointes ? L’écriture du poème est-elle, chez James Sacré, incessante interrogation de l’acte d’écrire, chahuté par une grammaire en mouvement dans une synchronie des contraires ? Ce sont ces questions que se pose cet ouvrage dédié à l’étude de l’œuvre poétique de James Sacré. Pas de vérité définitive quant à une hypothétique essence de la poésie. Pas de « poétisme ». Plutôt énergie et désir, circulation du sens, échange et partage, façon de nouer et de dénouer. La poésie, pour cet auteur, n’est ni idéalité dont il pourrait y avoir science, ni absolu à vénérer, elle est une réalité contingente, un écho prosaïque de l’existence, énonciation qui tire de son peu d’assurance la force de faire jaillir au plus vif l’étrangeté du réel le plus anodin. Dans ses textes, James Sacré cherche plutôt à aller vers des choses qu’il qualifie de pauvres, mièvres ou maladroites, pour défaire ce qui est rutilant ou trop sonore. Les mots de James Sacré semblent pris dans le risque, risque d’une parole tremblée, délibérément gauche et comme engourdie, étrange accent d’enfance hors du temps. Du mal dire aux balbutiements du cœur, l’enfance, est là, convoquée comme évoquée, pour installer dans la langue, un lieu, celui de Cougou en Vendée. Frotter son français à l’allure orale du patois, entre temps des champs et temps des villes, c’est comme une nouvelle langue où l’oralité se mêle d’enfance poitevine et paysanne. Chez James Sacré, l’expression s’attache aussi à ce qui a été souvent considéré comme le domaine privilégié du lyrisme : le territoire de l’intime. Écrire n’est pourtant pas donner libre cours à un sentimentalisme niais, mais renouer avec le natal, l’intime demeuré énigme, l’altérité, cette part d’énigme étant aussi au cœur du rapport poétique à la langue et alliant d’une certaine façon le lyrique et le littéral. Ce lien entre lyrique et littéral, sans exclusion, fait la grande originalité de James Sacré dans le paysage poétique contemporain.Les parties du livre s’organisent ainsi : Art poétique : Transports et relation/ Une langue du tremblement/ Les mots et les noms/ Travail sur la langue/ Figures du récit.La rencontre avec l’autre : l’Orient, l’Extrême-Orient, les États-Unis/ Personnages de l’œuvre/ la Nature et le vivant.Ces problématiques fédératrices, sont souvent enrichies d’analyses philosophiques, à travers le geste spinoziste ou les catégories de Charles Sanders Pierce, mais aussi au travers de la langue, de son mécanisme, de ses structures, de sa composition. L’ouvrage constitue, à ce jour, le plus important ensemble critique sur l’œuvre de James Sacré et comporte une Bibliographie exhaustive. *Is the poem that strange, deceptive thing, linked to contentment, the general movement of life, birth and death conjoined? Is the writing of a poem, in James Sacré’s work, a ceaseless questioning of the act of writing, buffeted by a shifting grammar in some synchrony of opposites? These are questions that the study devoted to the poetical work of Sacré asks. No definitive truth as to the hypothetical essence of poetry. No ‘poeticism’. Rather energy and desire, the circulation of meaning, exchange and sharing, ways of pulling things together and unravelling them. Poetry for Sacré is neither idealness with some possible science thereof, nor an absolute to be venerated; it is contingent reality, a prosaical echo of existence, enunciation drawing from its ill-assuredness the strength to spurt forth the strangeness of the most humdrum realness. In his texts, Sacré seeks rather to go towards things deemed impoverished, mawkish or clumsy, in order to undo what is glittering or sonorous. Sacré’s words seem caught up in risk, that of quavering speech, deliberately awkward and almost numbed, an odd accent from childhood out of time. From bad speech to the stutterings of the heart, childhood is called upon and evoked to create in language a place, that of Cougou in the Vendée. Rubbing his French up against the oral modes of his patois, between a tempo of the fields and one of cities, is to create a new language in which orality mingles with Poitou and peasant infancy. In Sacré’s poetry expression also involves what is held to be the privileged domain of lyricism: the territory of the intimate. Writing is yet not to give free rein to a silly sentimentalism, but reconnects with nativeness, an intimacy still enigmatic, alterity, the part of enigma being equally at the heart of poetic relationship to language and bonding in a sense the lyrical and the literal. This linkage, though it is not the only element, constitutes the great originality of Sacré in the contemporary poetic landscape.The book is organised as follows:Art poétique : Transports et relation / Une langue du tremblement / Les mots et les noms / Travail sur la langue / Figures du récit.La Rencontre avec l’autre : l’Orient, l’Extrême-Orient, les USA / Personnages de l’œuvre / La nature et le vivant.Such binding problematics are often enriched with philosophical analyses, via Spinoza or Peirce, but also via language, its mechanisms, structures, composition. The book constitutes, to date, the most significant critical work on James Sacré and offers an exhaustive bibliography.
Date de publication : 2012-11-12
Type de document : Article dans une revue
Affiliation : Centre Transdisciplinaire d'Épistémologie de la Littérature (CTEL) ; Université Nice Sophia Antipolis (1965 - 2019) (UNS)
Source : hal-04529306

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Béatrice Bonhomme, Jacques Moulin, Tristan Hordé, « James Sacré », Loxias, 2012-11-12. URL : https://hal.science/hal-04529306