Typographie biblique et modernité poétique : réflexions sur le blanc intralinéaire dans la poésie de Milosz, Claudel et Meschonnic

Marie-Ève Benoteau-Alexandre

Résumé :
International audience
Trois poètes français du XXe siècle, Claudel, Milosz et Meschonnic, mettent en œuvre un type de blanc typographique étonnant : le blanc inséré au sein même de la ligne. L’une des sources de cette pratique est à chercher dans une particularité typographique de la Bible hébraïque qui, dans les « cantiques », sépare les groupes de mots par de larges blancs. Milosz et Meschonnic, tous deux férus d’hébreu, connaissaient ce fait que Claudel a pu découvrir à la fin de sa vie grâce à Chouraqui. Cette influence croise la réflexion qui s’engage à partir de Mallarmé sur la modernité poétique : la spatialisation du poème et la disjonction du vers remettent en cause les frontières de la poésie, tout en proposant un rapport au sens plus complexe et volontiers hermétique. Cependant, le blanc intralinéaire des trois auteurs étudiés s’oppose à une ontologie négative de la parole. Loin de manifester l’exténuation de la parole et son irréversible éclatement, il crée au contraire les conditions de possibilité d’une parole pleine, rythmée, qui se transforme en chant.
Date de publication : 2011-06-15
Type de document : Article dans une revue
Affiliation : Chercheur indépendant
Source : hal-04529831

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Marie-Ève Benoteau-Alexandre, « Typographie biblique et modernité poétique : réflexions sur le blanc intralinéaire dans la poésie de Milosz, Claudel et Meschonnic », Loxias, 2011-06-15. URL : https://hal.science/hal-04529831