« Qu’est-ce que le vide ? » L’ellipse dans Les Âmes fortes de Jean Giono
Résumé :
International audience
Avec Les Âmes fortes, Giono livre un roman particulièrement complexe, notamment en raison des versions contradictoires qu’il propose des mêmes événements, mais aussi à cause des silences du récits : des éléments essentiels à la compréhension sont livrés avec retard ou tout simplement tus. Nous nous penchons donc ici sur la figure structurante de l’ellipse, conçue le pendant formel d’une métaphysique du vide et de l’ennui. Alors que l’ellipse syntaxique, qui participe au travail stylisation de l’oral, n’est que modérément remarquable, les types que nous appelons ellipse logique et ellipse informationnelle, ainsi que l’ellipse narrative et sa variante la paralipse, constituent d’authentiques béances qui mettent le lecteur en demeure de tenter de reconstituer, par une inlassable activité inférentielle, la cohérence locale et globale, parfois sans succès. De ce travail peut naître le sentiment du sublime - ou bien l’impression d’être sans cesse floué et moqué par un texte qui refléterait ironiquement le mystère des événements et des caractères. Enfin, l’ellipse progressive du focalisateur (le sujet du point de vue), dans un roman pourtant dialogué, signe une paradoxale vaporisation du sujet, qui compromet les chances de l’activité herméneutique même.
Date de publication : 2016-12
Citer ce document
Marie-Albane Watine, « « Qu’est-ce que le vide ? » L’ellipse dans Les Âmes fortes de Jean Giono », Loxias, 2016-12. URL : https://hal.science/hal-01896519