« Un sol qui n’est pas sans bouche »

Philippe Marty

Titre alternatif :
« Un sol qui n’est pas sans bouche »: Hölderlin : Der Winkel von Hardt ; Mistral : Mireille
Résumé :
International audience
Comment le propre peut-il valoir au-delà de ses limites propres et ne pas demeurer obscur ? Le mot « patois » sert à désigner tout parler inapte à se faire entendre à l'extérieur de ses frontières étroites : « En foro de la Crau », Mireille ne dit rien à personne, non plus que, dans un poème de Hölderlin, un Ulrich posant le pied dans une combe ignorée. Pour ceux qui ne sont pas du cru, le patois exprime ainsi un « schibboleth » : un signe hermétique. Mais c'est en tant qu'idiome ne cultivant et n'amassant rien, ne valant instantanément que là où est le patoisant et à la date où il parle, que l'obscur, l'incompréhensible, le « sitôt né, sitôt mort », le propriétaire d'aucun territoire, s'étend « à l'infini » comme la chose la plus commune précisément parce qu'elle ne règne sur aucune autre propriété que le pur événement d'« arriver », elle-même.
Date de publication : 2003-12-15
Type de document : Article dans une revue
Affiliation : Université de Nice Sophia-Antipolis (UNSA)
Source : hal-04509672

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« Un sol qui n’est pas sans bouche », 2003-12-15. URL : https://hal.science/hal-04509672