Blanc et silence de Planetary : le fragment en bande dessinée
Résumé :
International audience
By this article, we want to think about the fragment matter in comics, from Planetary, a comic books series scripted by Warren Ellis and drawn by John Cassaday. Published between 1999 and 2009, this work includes a strong reflexive dimension allowing to examine the fragment question according to a variety of viewpoints. First of all, as narrative structure, since the comic book is based on topics that involve discontinuous writing, such as archaeological excavation, police investigation or amnesia. Thus, we come to the question of how the breaking of these speeches can be embodied in comics till convert the fragment into the issue of a metadiscourse devoted to the representation of sequential art : like a vignette of comic book, fragment is seen as a part of a puzzle which totality escapes all the time. In this sense, as it is approached in the last section, fragment is one of the strongest arguments which allows to associate the comic book to theories of fictional worlds (with, for example, Thomas Pavel or Marie-Laure Ryan). The graphical representation, always incomplete and porous, does not cover, in fact, the whole of the universe that it claims to portray: the ellipse is therefore the foundation of his art. That is why it can query the essence of narrative fiction in general - is it always a fragment of a larger world, or is it an illusion that serves a thinking about the illusion that it proceeds?
Avec cet article, on entend réfléchir à la question du fragment en bande dessinée à partir de Planetary, série de comic books scénarisée par Warren Ellis et dessinée par John Cassaday. Parue entre 1999 et 2009, cette œuvre présente une forte dimension réflexive qui permet d’aborder les contours du fragment selon une diversité de points de vue. Comme structure narrative, tout d’abord, puisque la bande dessinée repose sur des thèmes qui impliquent une écriture discontinue, tels que la fouille archéologique, l’enquête policière ou l’amnésie. De la sorte, on en vient à s’interroger sur la manière dont la brisure de ces discours peut s’incarner en bande dessinée jusqu’à faire du fragment l’enjeu d’un métadiscours consacré à la représentation de l’art séquentiel : à l’instar d’une vignette de bande dessinée, le fragment y est perçu comme la pièce d’un puzzle auquel la totalité échappe en permanence. En ce sens, il est, tel qu’on l’aborde dans la dernière partie, l’un des arguments forts qui permet d’associer la bande dessinée aux théories de la fiction. La représentation graphique, toujours lacunaire et poreuse, ne couvre pas, en effet, la globalité de l’univers qu’elle prétend dépeindre et fait donc de l’ellipse le fondement même de son art. C’est pourquoi elle permet d’interroger l’essence du récit de fiction en général – est-il toujours le fragment d’un monde plus large ou n’est-ce qu’un leurre qui sert une réflexion sur l’illusion dont il procède ?
Date de publication : 2013-06-09
Citer ce document
Camille Baurin, « Blanc et silence de Planetary : le fragment en bande dessinée », Loxias, 2013-06-09. URL : https://hal.science/hal-04524398