Les aventuriers du Pacifique

Odile Gannier

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Résumé :
National audience
Les îles du Pacifique sont généralement imaginées avant que d’être vues. Peu de lieux ont suscité autant de descriptions relevant de la littérature utopique : après Bougainville, le mythe s’est bien installé, alors qu’aller réellement sur place est plus difficile. C’est toute une littérature, une imagerie, qui suscite le rêve de tels lieux.Si l’on ne connaît pas de vague d’immigration massive dans ces îles, qui ne sont pas des colonies de peuplement (il n’est pas question ici des transferts de bagnards en Nouvelle Calédonie et de convicts en Australie), les voyages isolés ont malgré tout été nombreux ; des récits comme celui de Georges Winter (un soldat vosgien chargé de jouer les interprètes, 1843), ou celui, en coup de vent, d’Ida Pfeiffer (1850) ou de la comtesse Dash alias Mme Giovanni, montrent la Polynésie de leur époque – il en va différemment des visiteurs chargés de mission comme Radiguet, arrivé au moment de l’annexion par Dupetit-Thouars. Sur les îles ce sont les navigateurs qui débarquent parfois en couple (R.L. Stevenson et Fanny, Festetics de Tolna et la comtesse, Jack London et Charmiah…) parfois seuls (Josuah Slocum, Alain Gerbault, Titaÿna…). Une liste assez complète a été dressée en 1967 par P. O’Reilly et E. Reitman. En outre, les marins qui ont déserté et se sont acclimatés ne sont pas rares (Cabris, Robarts, puis Melville, …). Le terme de « beachcomber » reflète la situation des voyageurs « échoués » sur une rive et qui risquent fort de ne jamais repartir (ce que la littérature évoque, que ce soit sous leur plume, rarement, ou dans des romans, comme Le Solitaire du lagon de R. Charnay) : ils n’ont en rien l’intention d’être des modèles à suivre et voyagent de façon indépendante des grands circuits, se proposant de se débrouiller personnellement du mieux possible. Ce n’est sans doute qu’ensuite que leur exemple a été plus largement suivi sans qu’ils en soient les instigateurs.Ces arrivées isolées mais sur des itinéraires plus ou moins connus montrent un attrait pour le Pacifique mais ce ne sont pas tous des « pionniers » au sens où ils auraient fait souche et ouvert la voie à des mouvements migratoires - encore que les Stevenson se soient installés aux Samoa. De quoi parlent leurs récits ? Leurs impressions, leurs expériences, des conseils avisés… Beaucoup se recoupent, peu seraient directement utilisables comme guides de voyage. Mais ils génèrent une nébuleuse imagologique susceptible de donner à d’autres l’idée d’en faire autant.
Date de publication : 2022-12-16
Type de document : Communication dans un congrès
Affiliation : Centre transdisciplinaire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants (CTEL) ; Université Nice Sophia Antipolis (1965 - 2019) (UNS) ; COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019) (COMUE UCA)-Université Côte d'Azur (UCA)

Citer ce document

Odile Gannier, « Les aventuriers du Pacifique », Pionnières et pionniers des migrations globales (XVIIIe-XXIe siècle), 2022-12-16. URL : https://hal.science/hal-03971191