Présentation

En 2017, dans le cadre de la Mission Musée XXIe siècle, a été organisée la consultation citoyenne « Imaginons ensemble le musée de demain ». Celle-ci a révélé un désir des acteurs de voir le musée être une institution ouverte, à vocation sociétale, dont « l’évolution est liée à une réflexion sur la transformation de la société et à la lutte contre les inégalités », appelant le musée à devenir « un espace public d’un nouveau genre ». Face à cette demande de sens, la forme-musée doit être à nouveau questionnée afin d’offrir au citoyen la possibilité d’une émancipation qui ne soit pas pensée du cœur de la prison même. Si la préoccupation n’est pas nouvelle, la pratique se limite trop souvent à des réalisations ponctuelles, elle reste peu usitée et apparaît morcelée tout aussi bien que relativement détachée des productions théoriques : elle n’a, à notre connaissance, jamais fait l’objet d’une approche systématique. En revanche, les récents bouleversements intellectuels amenés par le renouvellement des perspectives déconstructivistes paraissent de nature à renouveler l’approche de ce questionnement de la forme muséale. Quel serait dès lors cet « espace public d’un nouveau genre » ? Comment redéfinir, de manière opérationnelle, le musée du XXIe siècle ? Comment faire du musée le lieu de l’émancipation, de la puissance d’agir, de l’ouverture des possibles ? Quelles approches théoriques, quelles méthodologies, quelles pratiques mettre en œuvre, inventer, performer, pour y parvenir ?

Le séminaire « Musées et sociétés réinventé.e.s » du SIC.Lab Méditerranée souhaite contribuer à répondre à ces problématiques, notamment par la valorisation d’initiatives existantes, pour réfléchir ensemble à leur systématisation. Nous pensons aux initiatives privilégiant le processus sur le résultat, la forme-bricolage, l’indétermination structurante et (auto)poiëtique, tout autant que la réappropriation des savoir-faire, la capacitation, la valorisation de l’erreur.

Concrètement, chaque séance sera l’occasion d’accueillir un.e invité.e pour son expertise et/ou son expérience s’inscrivant dans une culture de l’égalité et de l’expérimentation et participant de ce fait à l’augmentation de la puissance d’agir. Peuvent être cités à titre d’exemples : les approches théoriques à l’œuvre dans les perspectives déconstructivistes, celles par exemple liées à la distribution des rôles entre professionnels et public, dans la mesure où cette dichotomie, éminemment politique, empêche de penser réellement différemment et d’agencer différemment le vécu ; les approches artistiques les plus à même d’aider à se dépasser, à sortir de ses limites, à déclencher l’émergence et l’usage d’une créativité libérée ; ou encore les dispositifs méthodologiques mis en œuvre dans le cadre du design thinking et du design territorial. Par ailleurs, puisqu’il ne semble pas pertinent de repenser la forme-musée en se limitant à ce qui s’y passe, il apparaît approprié d’ouvrir la réflexion à d’autres lieux (université, tiers-lieux, etc.) pour ensuite mieux y retourner. Animée par un.e chercheur.e en sciences de l’information et de la communication, chaque séance sera pensée comme un dialogue, notamment disciplinaire. Les réflexions menées donneront lieu à une publication envisagée pour l’année 2024.

Par ailleurs, pour ne pas nous enfermer nous-mêmes dans nos modes de communication traditionnels (le séminaire et la publication), l’organisation d’un festival est envisagée en guise de clôture-réouverture. Nourri des discussions précédentes, inspiré des approches audacieuses permettant de penser le musée en dehors des catégories mentales usuelles, le festival sera l’occasion d’une mise en pratique sur un territoire singulier (le territoire niçois), d’expérimenter collectivement ces autres manières d’être et de faire.