De la cure analytique à l’autobiographie à partir de l’œuvre de M. Leiris

Anne Brun

Résumé :
National audience
This article proposes a psychoanalytic approach of the work of M. Leiris, notably from a questioning about the role played by his analytic cure in the writing of his autobiography. Leiris asserts that he has written his first autobiography after his deception about his analytic cure, that did not allow him to “come up to the original trauma”, which he associates to the “primitive scene”. In the writings of Leiris, the original trauma connects also to the idea of the death, that obsess his work. The unconscious sources of the creative process of the writer will be considered precisely from the place of the dead that Leiris occupy in his autobiography, from three viewpoints : firstly the story of Leiris, that is haunted by the ghost, then the stakes of the cure in the writing of the autobiography, finally the analysis of a childhood memory that Leiris regard as the origin of his awareness of the death. The discussion thread of this investigation will be the following hypothesis : Leiris would try to put himself to tomb in his autobiographic writing, that appears to him like a way of erecting his own statue, to petrify his memories and to freeze the living in himself. From this viewpoint, the writing could allow the writer to fight against a catastrophic anguish of psychic death, that can take the form of a crumbling, a dissolution or an Ego collapse, so many obsessive images in his work. It would be for Leiris to mummify himself in self writing, so that he will not fall in dust during his living.
Cette contribution propose une approche psychanalytique de l’œuvre de M. Leiris, notamment à partir d’une interrogation sur le rôle joué par sa cure analytique dans l’écriture de son autobiographie. Leiris affirme avoir rédigé sa première autobiographie à la suite de sa déception à l’égard de la cure analytique, qui ne lui a pas permis de « remonter jusqu’au trauma originel », qu’il associe à la « scène primitive ». Dans les écrits de Leiris, ce trauma originel s’articule aussi à l’idée de la mort, qui obsède son œuvre. Les sources inconscientes du processus créateur chez l’écrivain seront envisagées précisément à partir de la place du mort que Leiris occupe dans son autobiographie, selon trois points de vue : d’abord l’histoire de Leiris, qui est hantée par des fantômes, ensuite les enjeux de la cure dans la rédaction de l’autobiographie, enfin l’analyse d’un souvenir d’enfance que Leiris considère comme l’origine de sa prise de conscience de la mort. Le fil unificateur de cette investigation sera l’hypothèse suivante : Leiris tenterait de se mettre au tombeau dans son écriture autobiographique, qui lui apparaît comme une façon d’ériger sa statue, de pétrifier ses souvenirs et de figer le vivant en lui. Dans cette perspective, l’écriture pourrait permettre à l’écrivain de lutter contre une angoisse catastrophique de mort psychique, qui peut prendre la forme d’un effritement, d’une dissolution, ou d’un écroulement du Moi, autant d’images obsédantes dans son œuvre. Il s’agirait pour Leiris de se momifier dans l’écriture de soi, pour ne pas tomber en poussière de son vivant.
Date de publication : 2012-01
Type de document : Article dans une revue
Affiliation : Université Lumière - Lyon 2 (UL2)
Source : hal-03650979

Citer ce document

Anne Brun, « De la cure analytique à l’autobiographie à partir de l’œuvre de M. Leiris », Oxymoron, 2012-01. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03650979