“J’ai le corps qui parle”. Refus du féminin chez une jeune femme boulimique
Résumé :
National audience
L’histoire d’une jeune femme, hospitalisée pour état dépressif sévère et troubles des conduites alimentaires, montre l’importance de la prise en compte du vécu de honte qui lui est contingente. À l’appui de cette situation clinique, les auteurs mettent ici en relief deux modélisations conceptuelles de cet affect, qui sont, d’une part une honte aliénante grevant durablement le sujet qui s’y trouve assujetti ; d’autre part une honte salvatrice qui signe le début d’une élaboration psychique et d’une appropriation subjective. L’hypothèse d’une clinique de la honte, ici articulée à la psychopathologie de la boulimie, s’inscrit dans sa forme la plus coutumière, comme l’expression syntaxique qui prévaut dans l’univers honteux : mise à nu, dévoilement et déchéance. En écho, nous pouvons souligner l’analogie de l’expérience psychothérapique avec une entreprise de « dévoilement » et de « mise à nu » qui prend un relief de réalité et qui fait de l’actualisation transférentielle de la honte le risque d’une répétition : le dévoilement de « la souillure » et la déchéance qui en découle sous le regard qui fait honte du clinicien. C’est à partir du modèle freudien de la honte structurale post-œdipienne, articulée au versant imaginaire et arrimée à la culpabilité, que sera menée cette réflexion qui insiste, à travers une évocation clinique, sur cette co-occurrence entre troubles des conduites alimentaires, fragilité narcissique et sentiment de honte.
Date de publication : 2010-04
Citer ce document
Delphine Scotto di Vettimo, « “J’ai le corps qui parle”. Refus du féminin chez une jeune femme boulimique », Oxymoron, 2010-04. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03645009