Le corps dans l’improvisation musicale jazz
Titre alternatif :
Le corps dans l’improvisation musicale jazz: Miles Davis - So What - Avril 1959
Résumé :
International audience
L’objet de cette étude est l’improvisation réalisée par Miles Davis dans le morceau So What et enregistrée le 2 avril 1959 au cours d’une émission télévisée. Nous cherchons à déterminer dans quelle mesure l’observation du corps d’un improvisateur peut permettre une meilleure compréhension de l’organisation musicale de son improvisation. Pour ce faire nous avons mis en correspondance trois composantes de l’improvisation étudiée : la composante sonore (particularité du son, motifs mélodico rythmiques et organisation formelle), la composante corporelle (mouvements et postures) et l’état d’esprit dans lequel se trouve M. Davis au cours de son improvisation.Plus précisément, nous avons procédé à une transcription de l’improvisation de Miles Davis : cette transcription combine les notations existantes avec des symboles élaborés par nos soins. Cela nous a permis de juxtaposer sur une même partition la notation des sons, des mouvements et des postures du corps au fil du temps.Parallèlement à cela, nous avons recueilli des entretiens oraux et écrits d’artistes experts en improvisation. Ces artistes y expliquent leur façon d’improviser et expriment leur avis sur la façon dont Miles Davis improvise en 1959. Cela nous permet ainsi d’affiner notre analyse de la nature des postures, des mouvements et des respirations de M. Davis et de mieux comprendre le processus d’improvisation dans ce contexte.Grâce au travail de transcription, nous avons pu comparer certaines phrases musicales de l’improvisation et poser des hypothèses sur le fonctionnement cognitif de M. Davis. Par exemple, dans les phrases 3 et 14 de son improvisation, on retrouve deux motifs très proches, à ceci près que Miles Davis actionne le premier piston sans produire de sons : il y aurait chez lui un compromis entre ses réflexes et l’interprétation de la mélodie qu’il veut rendre, afin notamment d’éviter la répétition parfaite d’un même motif.Pour le moment, aucune correspondance n’a pu être établie entre les mouvements oculaires, les clignements des yeux et l’organisation de l’improvisation musicale, mais l’outil de transcription mis au point dans cette étude présente une valeur exploratoire à exploiter dans des études futures.
Date de publication : 2008-10-09
Citer ce document
Guillaume Cadot, « Le corps dans l’improvisation musicale jazz », Corps et savoir, 2008-10-09. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03441047