Le rôle du corps dans la constitution des connaissances chez Aristote
Résumé :
International audience
Since the beginning of philosophy, the problem of the relation between body and knowledge has been an object of great reflection. The part of sensation in the access to knowledge is central in this issue. Aristotle’s eminent place is due to the fact that he is the only ancient philosopher who acknowledges to the body and the sensation a positive part in the process of knowledge, and who in the same time offers a theory of knowledge based on the possibility to achieve a true knowledge. His epistemological position only makes sense if compared to those of his predecessors. The different thesis can be classified according to the answers of two questions : Are the sensations true ? If so, is there a criterion of the truth, and if the answer is yes, which one ? A reflection on the existence of a faculty which does not depend on the body, and which can enable us to have an access to a true knowledge is also linked with the last question. We shall look into the way the different theories answer these questions, trying to emphasize that Aristotle’s answer is related to his rejection of the first thesis of the Presocratics and Plato about the relation between body and knowledge. We shall then present Democritus’s scepticism and the sensualism and conventionalism of Gorgias and Protagoras, before looking into what has led Heraclitus and Plato to dualism. Finally, we will bring out in relief the part of the body in the process of knowledge in Aristotle’s thought.
Les rapports qu’entretiennent le corps et le savoir font l’objet de réflexions dès l’émergence des premières philosophies dont nous avons connaissance. Le rôle de la sensation dans l’accès à la connaissance y est central. La place éminente d’Aristote dans ce débat est due au fait qu’il est le seul philosophe de l’Antiquité à accorder à la fois au corps et à la sensation un rôle positif dans le processus de connaissance, et à proposer dans le même temps une théorie de la connaissance fondée sur la possibilité d’atteindre à un savoir vrai. Sa position épistémologique ne prend véritablement sens que lorsqu’on la confronte à celle de ses prédécesseurs. Les différentes thèses en jeu s’articulent autour des réponses apportées à deux questions : les sensations sont-elles vraies ? En ce cas, dispose-t-on d’un critère du vrai, et si oui lequel ? A cette dernière question, s’ajoute une réflexion sur l’existence d’une faculté indépendante du corps permettant d’accéder à un savoir vrai. On examinera donc ici la façon dont ces différentes théories répondent à ces questions, en tentant de souligner la manière dont la réflexion d’Aristote est liée à son refus des thèses proposées par les Présocratiques et par Platon et portant sur les rapports du corps et du savoir. On étudiera donc d’abord le scepticisme auquel conduit la thèse de Démocrite ainsi que le sensualisme et le conventionalisme de Gorgias et de Protagoras, avant d’examiner ce qui conduit Héraclite et Platon à postuler un dualisme du corps et de l’âme, pour enfin mettre en relief le rôle privilégié accordé au corps dans le processus de connaissance chez Aristote.
Mots-clés :
Greek Antiquity, Aristotle, theory of knowledge, senses, body, antiquité grecque, Aristote, théorie de la connaissance, sensation, corps
Date de publication : 2008-10-09
Citer ce document
Syrine Snoussi, « Le rôle du corps dans la constitution des connaissances chez Aristote », Corps et savoir, 2008-10-09. URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03441030