La langue maternelle de la science
Résumé :
International audience
La vitalité de la pensée scientifique française s'impose dans le monde entier. Mais, le vrai problème est de préserver la langue française comme vecteur de communication dans un monde où la prépondérance croissante de l'anglais semble inéluctable. Ce phénomène présente aussi de grands dangers pour l'anglais lui-même, en passe de s'atomiser sur le globe tout entier en de multiples dialectes, un peu comme le latin classique, qui s'est désintégré à la chute de l 'Empire romain pour donner naissance aux différentes langues romanes d'Europe. Certes, le degré de raffinement et de complexité atteint par ces langues, l'italien d'abord, ensuite et surtout le français, paraissent offrir à un anglais en voie de désagrégation certaines espérances, mais qui ne sauraient se concrétiser qu'après plusieurs générations. J'espère qu'en Europe tout au moins, nous saurons trouver une solution autre qui nous permette de conserver l'intégrité de nos langues respectives. J'ai la conviction qu'une Europe monoglotte serait un désastre culturel et que la pensée sous toutes ses formes, scientifique notamment, serait très appauvrie si elle n'avait qu'une seule langue pour s'exprimer. En fin de compte, une langue incarne et exprime tant un mode de pensée que la perspective de toute une expérience culturelle. Traduire cette perspective d'une langue dans une autre exige beaucoup plus qu 'une simple connaissance des langues en question: on s'en aperçoit bien vite lorsqu'on tente de traduire de l'anglais en français ou vice versa. Compte tenu de l'évolution actuelle du monde, la pratique fait que le français et l'anglais, comme d'ailleurs toutes les langues d'importance majeure, se trouvent confrontés à des problèmes épineux et graves, et subissent la loi de la moindre résistance.
Date de publication : 1990
Citer ce document
Alistair Cameron Crombie, « La langue maternelle de la science », Alliage, 1990. URL : https://hal.science/hal-03400609