L'ethnobotanique
Titre alternatif :
L'ethnobotanique: une entrée simple au jardin savant
Résumé :
International audience
Dans nos pays latins, le jardin qui vaut la visite est d'abord une création dans l'ordre esthétique. On l'estime d 'autant plus qu'il est chargé d'histoire. Il est bon qu'il recèle des mystères. Il doit plaire au regard et inviter à la rêverie. Quant aux plantes qui le composent, elles sont rarement prises en compte pour elles-mêmes. Le jardin botanique, lui, est facilement assimilé à une sorte de périple rébarbatif, étiqueté à outrance, où la meilleure volonté se décourage vite. L'exotisme peut en favoriser l'accès, sinon en constituer l'attrait majeur: le spectacle de l'étrangeté rend le propos savant négligeable. Mais dans la plupart des cas, c'est le jardin des promenades ennuyées. Il suffit d'observer les visiteurs malencontreusement égarés dans l'École de Botanique du Muséum pour comprendre que la systématique n'aura jamais d'attrait que pour les systématiciens -malgré les beautés qu'elle dissimule. Nos jardins botaniques sont les héritiers du grand élan classificatoire du XIXème siècle. La vulgarisation pouvait alors se contenter d'offrir des parcours parmi des noms, à un public avide de nouveauté savante. Le propos didactique importait moins que l'affirmation de l'ordre naturaliste où devait s'apaiser la complexité du monde.
Date de publication : 1990
Citer ce document
Pierre Lieutaghi, « L'ethnobotanique », Alliage, 1990. URL : https://hal.science/hal-03390643