L’Institut Robert Hooke de culture scientifique
Résumé :
National audience
On ne dispose pas de portrait certain de Robert Hooke (1635—1703), physicien, architecte, explorateur, ingénieur et en général expérimentateur anglais et tête de Turc d’Isaac Newton. Pionnier de la microscopie, il publie en 1664 Micrographia, somptueux recueil illustré de ses observations, dont cette célèbre puce. Un contexte dangereux... mais paradoxal ! Le divorce culturel entre la société et la communauté scientifique, s’il n’est pas nouveau, prend aujourd’hui une dimension inquiétante ; le risque est réel que les collégiens et les lycéens de demain, futurs étudiants mais aussi futurs citoyens, soient formés par des maîtres eux-mêmes majoritairement désabusés et qui auraient pris leurs distances vis-à-vis de la culture scientifique. D’ici 2012, c’est plus de 100 000 professeurs des lycées et des collèges qu’il faudra remplacer, dans un contexte de forte désaffection pour les cursus scientifiques, et en particulier pour les disciplines fondamentales. Au niveau de l’Université, le recrutement des enseignants-chercheurs étant basé sur le nombre d’étudiants présents dans les filières universitaires, c’est une transformation profonde qui se profile, dans laquelle la recherche fondamentale est fortement menacée. Ce triste constat est doublement paradoxal, dans une société gourmande de nouvelles technologies et alors que toutes les études prospectives s’accordent sur la prévision d’une forte pénurie de cadres scientifiques, à l’échelle européenne, au cours de la prochaine décennie. D’autre part, des expériences-pilote ont montré que ce cercle vicieux pouvait être brisé, ou du moins adouci, par une démarche pédagogique volontariste et novatrice.Enseignement "Culturel" des Sciences et vulgarisation de la Recherche. Développer un enseignement « culturel » des sciences et vulgariser la recherche qui s’effectue dans les laboratoires universitaires, le plus souvent associées aux EPST (CNRS, INSERM, ..) constituent les deux axes de l’activité de l’Institut Robert Hooke. Constitué d’un petit nombre de permanents, il s’agit d’une structure légère permettant l’accueil d’enseignants-chercheurs et de chercheurs et d’enseignants du secondaire avec pour objectif le développement de produits éducatifs à fort contenu culturel (module de cours, articles, simulations, expériences, conférences et démonstrations grand public ...). L’un des dispositifs mis en place utilise les stages en laboratoire des étudiants à la fin de licence. Il est proposé aux meilleurs stagiaires une aide à la production d’un document multimédia visant à vulgariser la recherche faite dans les laboratoires. Résolument pluridisciplinaire, l’Institut Robert Hooke est un lieu de réflexion et de production en contact direct avec la recherche scientifique. À terme, il offrira aux intervenants régionaux dans le domaine de la culture scientifique un ancrage solide dans la communauté scientifique.Un fonctionnement par projets. L’activité de l’Institut s’articule autour de « projets ». Un projet associe un ou plusieurs chercheurs et un thème de recherche. La publication d’articles, l’encadrement de thèses et l’organisation de séminaires et de conférences complètent l’activité de l’Institut. Les projets associent des étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement et des professeurs du secondaire. Chaque projet scientifique de l’Institut fait l’objet d’une évaluation systématique. L’un des premiers projet concerne les « Origines expérimentales de la science du mouvement ». Il s’agit de reconstituer les expériences qui ont contribué à la naissance de la mécanique. Ces expériences, qui ont disparu depuis longtemps des manuels d’enseignement, permirent à Newton de développer ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle. Interprétées à la lumière de la théorie des systèmes dynamiques, ces expériences constituent une approche pédagogique unique pour l’apprentissage de la mécanique. Le champion de cette science expérimentale du XVIIe siècle, largement ignoré des historiens des sciences, en partie à cause des difficultés liées à l’historiographie expérimentale, est le savant anglais Robert Hooke, dont nous souhaitons honorer la mémoire en l’associant au nom de l’Institut.Un lieu de rencontre, d’innovation et d’accueilL’Institut est une structure pluridisciplinaire associant des jeunes enseignants-chercheurs dans les domaines de la biologie, de la chimie, des mathématiques et de la physique ainsi que de la philosophie et des sciences humaines et des enseignants, et chercheurs “senior” partiellement détachés dans l’Institut dans le cadre de projets. Le recrutement des jeunes enseignants se fait sur la base de leur excellence scientifique, de leur intérêt culturel pour la science et de leur capacité de développer des activités à l’interface de plusieurs disciplines. Les locaux de l’Institut Robert Hooke constituent un lieu de rencontre, au sein de l’Université, entre ces chercheurs de disciplines variées, ainsi qu’avec des enseignants du secondaire, en liaison avec le Rectorat. Outre quelques bureaux pour ses principaux animateurs, il s‘organisent principalement autour d’une salle de conférence et de réunion et d’une bibliothèque pluridisciplinaire. Il met en outre à leur disposition un atelier de mécanique et une salle informatique équipée, ainsi qu’un atelier d’informatique disposant de compétences avancées en techniques multimédia et qu’un secrétariat.
Date de publication : 2008-05
Citer ce document
Éric Picholle, Ugo Bellagamba, « L’Institut Robert Hooke de culture scientifique », Sciences & fictions, 2008-05. URL : https://hal.science/hal-03356407