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Émotions et subjectivités décoloniales : les preuves d'un avantage épistémique
Résumé :
International audience
Les émotions, à travers leurs empreintes sociales, culturelles et cognitives, engagent le ou la chercheure, consciemment ou non, dans des intuitions et des directions qui ne sont jamais neutres. Les émotions agissent en amont du processus de rationalisation à travers la prise de décision, le raisonnement, le langage, la mémoire. Elles fonctionnent comme un guide (Damasio, 2005), existent sous la forme de concepts, et à travers leurs marquages culturels et moraux, orientent, consciemment ou non, ces processus (Turner, 2000). Cette bi-dimensionalité sociocognitive des émotions met en évidence le rapport subjectif fondamental qui accompagne toute relation de recherche. À ce titre, les différentes positions des théoriciennes féministes du point de vue situé (Hill Collins, 2016 ; Wilkins, 2014) ont depuis longtemps intégré à leurs recherches cette dimension intersubjective mise en relief par l’avantage épistémique dû à leur propre position de dominées. En intégrant pleinement la dimension relationnelle et émotionnelle de l’intersubjectivité comme une réalité ontologique de la recherche (en sociologie notamment), ces théoriciennes ont très largement rompu avec l’idée de l’objectivité neutre (Jaggar, 1997). À partir des connaissances produites par les épistémologies du point de vue situé et des sciences cognitives, cet article souhaite ouvrir une série de réflexions autour du saisissement de la notion d'avantage épistémique à travers le prisme de la théorie constructiviste des émotions (Ahmed, 2004 ; Barrett, 2017).
Date de publication : 2019-09-19
Citer ce document
Julien Quesne, « Émotions et subjectivités décoloniales : les preuves d'un avantage épistémique », Nouveaux Imaginaires, 2019-09-19. URL : https://shs.hal.science/halshs-02422692