Des mémoires autobiographiques à l'action collective: un modèle koinobiographique

Odile Gannier

: From autobiographical memoirs to collective action: a “koino-biographical” model
Abstract :
International audience
What a strange project it is for her to paint herself! One might think, with the memory of Pascal, when reading Zami, a text written by Audre Lorde with an undeniably autobiographical tone, the subtitle tipping the reading in this direction: ‘A New Spelling of My Name’. Audre Lorde calls it ‘biomythography’. The question of autobiography is shifted: Even if it recounts episodes, feelings and reflections, the text is not simply an account of one’s own existence; it goes beyond it to concern the women of one's own time and background, or those who have had similar experiences and want to finally speak out - as Simone de Beauvoir (Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958), Maya Angelou (I Know Why the Caged Bird Sings, 1969...), Annie Ernaux (from Les Armoires vides, 1974, to Les Années, 2008), Assia Djebar (Nulle part dans la maison de mon père, 2007)... Ernaux refers to her work as ‘autosociography’. This writing is in itself militant, as bell hooks points out in Ain’t I a Woman? Black women and feminism (1981). More specifically, which grammatical ‘person’ to choose? How can a particular experience be transposed into a form that is useful to others? How can we create a community by sharing elements that a group will consider to be shared? In this sense, we might venture the neologism of ‘koino-biography’: an autobiography that is less individual than collective.
Le drôle de projet qu’elle a de se peindre ! pourrait-on penser, avec le souvenir de Pascal, devant Zami, texte écrit par Audre Lorde avec une indéniable tonalité autobiographique, le sous-titre faisant pencher la lecture dans ce sens : « A New Spelling of My Name », « une nouvelle façon d’écrire mon nom ». Audre Lorde parle de « biomythographie ». La question de l’autobiographie est en effet décalée : même si elle raconte des épisodes, des ressentis, des réflexions, le texte n’est pas le simple récit de sa propre existence ; il la dépasse pour concerner les femmes de son époque et de son milieu, ou celles qui ont connu des expériences similaires et veulent enfin prendre la parole – comme l’ont fait de même par exemple Simone de Beauvoir (Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958), Maya Angelou (I Know Why the Caged Bird Sings, 1969…), Annie Ernaux (depuis Les Armoires vides, 1974, jusqu’au texte Les Années, 2008)), Assia Djebar (Nulle part dans la maison de mon père, 2007)… Ernaux parle pour son œuvre d’« autosociographie ». Cette écriture est en soi militante, comme le souligne bell hooks dans Ain’t I a Woman ? Black women and feminism (1981). Plus particulièrement, quelle « personne » grammaticale choisir ? Comment transposer à une forme utile à d’autres une expérience particulière ? Comment créer une communauté par le partage d’éléments qu’un groupe va considérer comme partagés ? dans ce sens on peut risquer ce néologisme de « koino-biographie » : une autobiographie qui serait moins individuelle que collective.
Published : 2025
Document Type : Journal articles
Affiliation : Centre transdisciplinaire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants (CTELA) ; Université Nice Sophia Antipolis (1965 - 2019) (UNS)-Université Côte d'Azur (UniCA)
Source : hal-05289283

Citation

Odile Gannier, « Des mémoires autobiographiques à l'action collective: un modèle koinobiographique », Loxias, 2025. URL : https://hal.science/hal-05289283