Loxias | 88. Habiter | I. Articles

Abstract :

International audience

In his meditation on Hölderlin, Heidegger sees in the poem the « house of Being ». Recently, Jean-Claude Pinson published an essay exploring the conditions of this « poetic dwelling in the world », and showing how the specificity of poetic language lays the foundations for a different kind of reality, through which the subject experiences itself differently, in the « assumption of the contingent » or the approach to the « sacred ». This calls for a certain amount of criticism: is it even conceivable to be able to « inhabit » the world poetically only under the species of the ontological epiphany, the alethic, the philosophical or the sacred, without paying attention to what, in the world, is heard in a way other than in the form of Being and knowledge, other than as a relationship of a subject's hold over appearances? It would be a matter of exploring listening to what « inhabits language » and outlines another form of the subject's presence: a presence caught up in the words and silences, the syncopations, rhythms and resonances that determine this other understanding of the subject, its acroamatic dimension. In this zone of thought where signs and concepts no longer take hold, poetic language becomes the instrument for receiving the world: it probes it more than it grounds it. Cross-readings of poems of Hofmannsthal and Meschonnic will attempt to give an idea of the acroamatic content of what « inhabits » their poetics.

Heidegger, dans sa méditation sur Hölderlin, se proposait de faire du poème la « maison de l'Être ». Plus récemment encore, Jean-Claude Pinson publiait un essai pour approfondir les conditions de cette « habitation poétique du monde » et éclairer en quoi la spécificité du langage poétique posait les fondements d'une réalité autre, par lesquels le sujet s'éprouverait différemment, dans « l'assomption du contingent » ou l'approche du « sacré ». Cela appelle un certain nombre de critiques : est-il en effet seulement pensable de pouvoir « habiter » le monde poétiquement uniquement sous les espèces de l'épiphanie ontologique, de l'aléthique, du philosophique ou du sacré sans prêter attention à ce qui, dans le monde, se fait entendre autrement que sous la forme de l'Être et du savoir, autrement que comme un rapport d'emprise du sujet sur les apparences ? Il s'agirait d'explorer l'écoute de ce qui « habite le langage » et esquisse une autre forme de présence du sujet : une présence prise dans les paroles et les silences, les syncopes, les rythmes et les résonances qui déterminent cet entendement autre du sujet, sa dimension acroamatique. Dans cette zone de pensée où les signes et les concepts ne prennent plus, le langage poétique se fait l'instrument de réception du monde : il le sonde plus qu'il ne le fonde. Les lectures croisées de poèmes de Hofmannsthal et de Meschonnic tenteront de donner une idée de la teneur acroamatique de ce qui « habite » leurs poétiques. Mots-clés : acroamatique, aura, voix, spectralité.

Keywords : acroamatics, aura, voice, spectrality, Spectralité, Acroamatique, Aura, Voix

Published : 2025-03-15