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Derniers articles
[hal-04754187] Lumière et obscurité : de Sénèque à l'astronomie moderne
L’astronomie et la cosmologie ont ceci de particulier que c’est presque exclusivement grâce à la lumière qui nous en parvient que nous pouvons sonder les confins de l’Univers. En outre, il est impossible de mettre en place un dispositif expérimental pour tester les modèles que nous développons, dans la mesure où il n’y a qu’un seul Univers et que nous sommes dedans. Toutefois, c’est peut-être précisément pour cette raison que les Anciens s’interrogeaient déjà scientifiquement sur la nature des objets célestes et l’organisation du Cosmos, au-delà̀ de la perception immédiate et de l’impérieuse admiration pour le ciel étoilé au-dessus de nous. Ainsi, Sénèque, philosophe stoïcien, décrit avec sa langue imagée d’homme de lettres les phénomènes célestes, et cherche non seulement à établir des prédictions à partir de ce qu’il voit dans le ciel, mais aussi à interpréter ses observations pour les inclure dans des modèles, comme le modèle géocentrique, ou encore le modèle stoïcien d’explication du monde, où les préoccupations éthiques se mêlent aux questionnements scientifiques. De cette manière, chaque modèle attribue un statut ontologique à ses constituants, d’une manière qu’on pourrait qualifier de « démiurgique », pouvant en retour affecter nos propres perceptions. En confrontant les conceptions des Anciens aux nôtres, tant sur la question de la lumière que sur celle de notre modèle cosmologique et de son « secteur sombre », les auteurs mettent en perspective nos pratiques actuelles, ce qui nous rappellera à une certaine humilité́ vis-à-vis de ce qui échappe encore à notre compréhension du monde. ...more
[hal-04752627] Quand Albert rencontre Marguerite…
Qu’ont à voir ensemble la science et la littérature ? Tout et rien à la fois. Rien, car ce sont a priori deux domaines opposés ; tout, car il existe des interactions que seule ma double expérience de médecin et d’autrice peut mettre en lumière. En effet, quand on lit, on se rend compte que la médecine est devenue un thème littéraire, et quand on écrit, tout une palette d’hormones se mettent en mouvement. L’idée de cet article est de montrer le sens que l’auteure donne à la médecine d’aujourd’hui, et de mettre en mots par des écrits inédits les processus hormonaux à l’œuvre. ...more
[hal-04765646] Médecine toihirienne : la science dans Le Kafir du Karthala (1992)
La science demeure globalement absente de la littérature comorienne d’expression française. En quarante ans d’existence, cette littérature foisonnante compte un seul auteur qui s’y intéresse, Mohamed Toihiri. Dans son deuxième roman, Le Kafir du Karthala (1992), l’auteur problématise un domaine particulier de la science, la médecine, et en fait sa trame de fond. En mettant en scène un héros auquel il attribue le rôle de soignant, Mohamed Toihiri illustre l’entrée de la médecine et sa rencontre avec le texte littéraire permettant ainsi, à travers d’une réflexion sur les maladies tropicales, de nouer des rapports au monde décolonisé. ...more
[hal-04738346] Les mouvements oculaires comme indice du traitement langagier
Les mouvements oculaires sont étroitement liés aux processus attentionnels et peuvent être utilisés comme indices en temps réel du traitement linguistique. Après une présentation des techniques d’oculométrie, l’article expose des études psycholinguistiques fondées d’une part sur l’enregistrement des mouvements oculaires pendant la lecture afin d ‘étudier la perception et la compréhension du langage écrit et d’autre part sur le traitement du langage oral avec l’enregistrement des mouvements oculaires pendant la présentation simultanée d’une scène visuelle et d’un énoncé oral. ...more
[hal-04752646] Que faire de l'expression « intelligence artificielle » ?
L’expression intelligence artificielle (IA) intrigue, embarrasse, interpelle et, dans une certaine mesure, fascine. Tout ceci serait sans importance si ce n’était qu’une question « de mots », mais selon toute vraisemblance, il y a là un enjeu majeur du XXIe siècle. Est-ce un abus de langage de parler d’intelligence alors qu’on aurait affaire à une pure question de « sciences dures » ? Est-on face à un domaine technique qui se transforme en « fait social total » ? Doit-on, comme beaucoup le suggèrent, « démystifier l’IA » et expliquer en quoi consistent ses algorithmes ? A contrario, peut-on y voir un programme au long terme, une idéologie, une métaphysique ? L’article proposed’analyser la langue de l’intelligence artificielle et de passer au crible les expression-clés telles que l’intelligence, la décision, l’apprentissage, le biais, le jeu, etc. Si, comme le dit G. Braque « le vocabulaire est le sûr témoin d’une époque », peut-être avons-nous là une piste pour nous orienter dans les espaces indéfinis ouverts par l’intelligence artificielle ? ...more
Dans une perspective de pluridisciplinarité́, cet article illustre comment les techniques empruntées aux neurosciences, notamment l’électroencéphalographie (EEG) d’un côté et l’fMRI (functional magnetic resonance imaging) de l’autre, contribuent à étudier en temps réel le traitement du langage. Pour le côté EEG, l’article illustre l’exemple du traitement neurocognitif de structures linguistiques complexes, qui comportent le subjonctif ; pour le côté fMRI, l’exemple d’études comportant des phrases contrefactuelles au subjonctif est considéré. Dans un premier temps, les auteurs introduisent les principaux marqueurs langagiers en neurophysiologie qui conduit à une modélisation neurocognitive du traitement du langage. Parmi eux, la N400, marqueur d’intégration lexico-sémantique, la LAN(détection) et la P600 (réanalyse voire réparation), complexe biphasique supposé signer le traitement morphosyntaxique. Fondés sur une étude EEG menée sur le traitement neurocognitif de phrases au subjonctif en français par des francophones et, par la suite, sur des études fMRI et EEG, l’article aborde le traitement des phrases contrefactuelles construites avec le subjonctif en allemand et en anglais respectivement par des germanophones et par des anglophones. Falsifiant de la sorte les théories de la linguistique et les modelés psycholinguistiques de traitement du langage, ce dialogue interdisciplinaire contribue pleinement à l’avancée des connaissances. ...more
L’article vise à attirer l’attention sur trois aspects problématiques du paysage intellectuel contemporain. Tout d’abord, il s’agit de démontrer que les études littéraires et les sciences humaines et sociales ont intégré largement des méthodes venant des sciences « dures ». Les « humanités numériques » en constituent une illustration, avec la prépondérance qu’elles accordent au quantitatif. Ensuite, l’accent est mis sur les approches : le discours des sciences humaines et sociales peut-il se distinguer de la littérature comme des sciences « dures » ? Autrement dit, ne doit-on pas admettre la légitimité d’un discours ne relevant ni du récit, ni du modèle ? Finalement, l’auteur souligne autant l’intérêt de l’étude statistique des réseaux de l’internet que le caractère tout à fait discutable des tentatives d’établissement d’une « physique sociale » issue du recueil et du traitement de données massives sur les comportements humains. ...more
L’intrigue du Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux repose sur une apparente remise en question de la validité de la loi de Lavoisier énonçant que, lors d’une réaction chimique qui se déroule en milieu fermé, la masse des réactifs est toujours égale à la somme des masses des produits formés. Dans la chambre attenante au laboratoire du professeur Stangerson, Mathilde, sa fille, est victime d’un attentat qui la laisse à demi-morte. Lorsqu’on enfonce la porte fermée de l’intérieur, l’assassin s’est volatilisé. Les fenêtres, munies de barreaux, sont intactes ; les volets, toujours fermés. Nulle cheminée ni passage secret. L’assassin n’aurait pas dû pouvoir s’échapper et pourtant il n’est plus là. Serait-ce dès lors la preuve d’une possible dissociation de la matière, théorie censée « ébranler sur sa base toute la science officielle qui repose depuis si longtemps sur le principe : rien ne se perd, rien ne se crée » ? ...more
En analysant les agencements discursifs multistables dans le roman de Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos Les Liaisons dangereuses (1782), l’article mène une réflexion approfondie sur les convergences possibles entre psychologie de la forme, linguistique textuelle, linguistique énonciative et stylistique. La multistabilité peut être sommairement définie comme la perception simultanée de plusieurs phénomènes différents à partir d’un seul et unique stimulus : ce dernier se présente à ce titre comme un « objet ambigu », dont les propriétés dépendent constitutivement du point de vue observationnel que l’on projette sur lui. L’exemple canonique de perception multistable est fourni par le célèbre « canard-lapin » apparu pour la première fois en octobre 1892 dans les colonnes du quotidien satirique munichois Flegende Blätter. Le concept de multistabilité donne lieu par définition à des translations interdisciplinaires de toutes sortes entre sciences humaines et sciences de la nature. Étant donné le peu d’études consacrées à la multistabilité sémantique dans les textes littéraires, l’article vise à combler cette lacune. ...more
[hal-04765839] Science et conscience lacunaires chez Samuel Beckett
Les sciences influent grandement sur l’œuvre de Samuel Beckett. En plus de la physique, on inclura parmi les plus manifestes la mathématique, dont le formalisme a pu attirer l’auteur, ou encore la biologie. La notion de déhiscence, clé de l’esthétique beckettienne, est elle-même issue de la botanique et de l’entomologie. Handicapés, parfois démembrés, systématiquement déshumanisés, les personnages beckettiens sont comparables à des insectes : ils sont soumis à un œil autoritaire, qui par ses méthodes peut se rapporter à une observation expérimentale – mais aussi éprouvante et fondamentalement lacunaire. ...more
[hal-04754104] Essai sur le patrimoine des sciences
L’auteur invite à explorer le patrimoine des sciences à travers ses sept dimensions. La première campe la science comme décrypteur, révélateur et constructeur de patrimoine. Il en va ainsi des lieux même du terrain, de la rencontre d’un biotope ou d’un géotope. Mais pour se construire les sciences ont accumulé des collections d’objets, extraits de la nature à l’état brut (une plante d’herbier, un minéral remarquable ou encore les banques du vivant…) ou modifié voire reproduit, « incréments » élémentaires de patrimoine (un animal naturalisé, les méduses en verre des Blaschka…). Par ailleurs, les acteurs des sciences se servent d’instruments pour la recherche (dont l’obsolescence est source de sacralisation, tels ceux présentés au musée d’instrumentation optique de Biesheim). Celle-ci s’effectue dans des locaux dévolus à la pratique de la science et de sa communication (une université, un observatoire, ou encore la maison de Goethe à Weimar). Poursuivant cette déclinaison, l’auteur en arrive aux archives des sciences, produites par les chercheurs eux-mêmes, leurs correspondants, leurs organismes de tutelle, et qui conduisent à la mémoire de savants. Si les acquis de la science dans toute sa dimension sont perçus en termes de patrimoine de l’humanité, il s’agit en fait d’un patrimoine d’une nature très particulière puisqu’il se renouvelle perpétuellement sur lui-même : un patrimoine malléable, en génération permanente. ...more
Contrairement à une idée reçue, l’investissement de Pythagore en mathématique est resté très réduit ou inexistant. De la même manière, les pythagoriciens sont loin d’avoir eu un discours uniforme dans ce domaine, voire n’y ont prêté aucune attention pour la grande majorité. S’il existe bien des travaux mathématiques pythagoriciens au sens propre, d’autres spéculations sur les nombres ont amené à construire des discours de nature philosophico-religieuse sur les nombres. Cette tendance arithmologique a longtemps été considérée comme tardive, mais il existe un grand nombre de fragments qui témoignent de ce qu’ont pu être ces spéculations entre les ve et ive siècles avant notre ère. Une reprise du dossier montre la tentative pythagoricienne de relier des concepts abstraits aux nombres et aux divinités, afin de formuler des propositions éthiques, morales ou politiques. Le nombre ou le raisonnement mathématique devient donc un support de démonstration philosophique, sans être pour autant un principe. ...more
Au xviie siècle, la révolution scientifique marque une avancée inédite de la connaissance. Ces changements ne seront pas sans effets dans le champ des lettres. Ouverte à la nouveauté, la science fascine bien au-delà des cercles érudits. À cet égard, les Questions inouïes (1634) de Martin Marsenne en sont un parfait exemple. Acteur scientifique important, aux côtés de Descartes et Galilé, le savant est aussi connu pour ses œuvres de vulgarisation. Dans son ouvrage, il présente une série de remarques puisées dans les sciences les plus diverses (physique, mathématique, astronomie, optique…). Chaque chapitre forme un bref exposé, centré sur des observations dont le caractère « récréatif » est souligné dès le sous-titre du livre. Partagée entre le sérieux et le cocasse, le plaisir de la réflexion, l’œuvre est conçue comme un cabinet de curiosités scientifiques. La présente étude met en exergue les enjeux littéraires et analyse la poétique émerveillée de Martin Marsenne. ...more
L’article illustre la façon dont la recherche en sciences du langage portant sur le bilinguisme peut contribuer à améliorer les outils de diagnostic en orthophonie. Bien que de plus en plus d’études mettent en avant les avantages du bilinguisme, ce dernier continue à susciter de nombreuses interrogations et à être considéré comme source de troubles du langage à différents niveau d’acquisition. En décrivant la méthode innovante « FranPole », fondée sur des études traitant de l’évaluation du langage en contexte bilingue et des troubles spécifique du langage, l’objectif de l’article est de fournir quelques éléments de réponse aux patients bilingues, leurs parents et leurs enseignants face à leurs inquiétudes. ...more
[hal-04765773] Proust et Einstein
Proust suit le développement de la théorie de la relativité, restreinte puis générale, d’Einstein en même temps que s’accroît son œuvre. Vers la fin de sa création, il est intéressé de voir comparer les deux conceptions du temps, quoique souffrant de ne pouvoir comprendre les démonstrations mathématiques du physicien. L’article tente de cerner ce qui, dans la conception de l’espace-temps chez le romancier, explique cette analogie remarquée par les contemporains pour illustrer qu’à travers la construction et l’évolution des personnages, le rapprochement mène plus profondément dans les structures du cycle romanesque. ...more