Séminaires du LASMIC | Séminaire 2011-2012 du LASMIC

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Séminaire 2011-2012 du LASMIC

Tout au long de la vie quotidienne, nous jugeons ou méjugeons : nous jugeons la viande que nous mangeons bonne ou mauvaise, l’exposé de notre collègue brillant ou nul, une situation conflictuelle ou pas, un travail bien ou mal fait, etc. À chaque fois, il s’agit d’une mise en relation puisque nous affirmons qu’un attribut appartient ou pas à un sujet ou, plutôt, à l’objet du jugement. Certains de ces jugements sont sous l’emprise de préjugés, par exemple ethniques (Shayo & Zussman 2011), d’autant plus efficaces que nous n’en sommes pas conscients. L’opération de juger est protéiforme : jugements moraux, jugements esthétiques, jugements d’évaluation, de reconnaissance ou de distinction (Bourdieu 1979), opérations de jugement produites tout au long d’une activité pratique (e.g. conduire un véhicule, tagger, cuisiner, créer un parfum, fabriquer un objet), jugements qui peuvent être confiants ou douteux, que l’on peut suspendre (e.g. chez Russell (2011) la suspension agnostique du jugement), différer indéfiniment (e.g. dans le cadre d’une éthique de vie, tel Axel Heyst dans Victoire de Conrad), retirer (se déjuger), ou encore jugement dont on manque ou que l’on perd provisoirement (e.g. lors d’états altérés de la conscience), voire définitivement (e.g. certaines maladies neuro-dégénératives). On peut encore craindre le jugement des autres, ou bien le susciter.

2011-2012