Chapelle, manoir, prison, moulin banal et enclos : l’expression territoriale du pouvoir au sein des granges cisterciennes bretonnes du XIIe au XVIIIe siècle.

Fadila Hamelin

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Résumé :
À l’échelle de six temporels monastiques sur l’ancien duché de Bretagne, les cisterciens ont mis en place des seigneuries foncières et banales se superposant à l’espace grangier. Les manifestations de leur pouvoir sur le territoire s’expriment par des marqueurs monumentaux, parfois ostentatoires, implantés sur le domaine des granges que sont le manoir, le moulin à eau ou à vent banal et les différents enclos. La possession de la haute justice se manifeste par présence d’un auditoire, de prisons et de fourches patibulaires. Mais la dimension immatérielle de leur pouvoir s’applique davantage au champ religieux par l’association régulière d’une chapelle et d’un marché ou d’une foire. Ainsi, l’encadrement et la régulation des activités commerciales se placent sous le patronage d’un saint et génèrent des revenus attachés aux taxes prélevées sur les marchandises et sur les droits de passage dont les nombreux enclos grangiers forment parfois l’outil de cette captation. La territorialisation des temporels cisterciens se traduit enfin par une réflexion à plus grande échelle sur les différentes composantes du maillage territorial conçu par les religieux : centre de la grange, fermes annexes, entrepôts situés à proximités de ports fluviomaritimes, voies terrestres et maritimes et maisons de ville, ce qui pose d’ailleurs la question du statut de ces possessions rurales et urbaines.Dans une démarche antéchronologique, la méthode adoptée croise les sources textuelles, planimétriques et archéologiques sur un temps long et à plusieurs échelles afin de mettre en évidence les particularités et les récurrences des temporels bretons en utilisant, notamment, un logiciel de cartographie de type SIG. Cet outil met en évidence la perte progressive du rôle polarisateur et de relais abbatial de la grange au profit de nouvelles modalités de l’exercice du pouvoir, tant sur le plan humain, symbolique que monumental. Mais la fin de l’expansion des temporels monastiques ne signifie pas l’absence de conflits entre seigneuries voisines. Si la période d’expansion des domaines monastiques est close au XVe siècle, les collaborations entre religieux et aristocrates locaux sont surtout perceptibles à l’époque médiévale avec la création de villages ou le co-financement de moulins seigneuriaux. Quelques siècles plus tard, les archives ne livrent que le témoignage de querelles portant essentiellement sur les droits seigneuriaux.
Date de publication : 2023-06-21
Type de document : Communication dans un congrès
Affiliation : Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire (CReAAH) ; Le Mans Université (UM)-Université de Rennes (UR)-Université de Rennes 2 (UR2)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Ministère de la Culture (MC)-Nantes Université - UFR Histoire, Histoire de l'Art et Archéologie (Nantes Univ - UFR HHAA) ; Nantes Université - pôle Humanités ; Nantes Université (Nantes Univ)-Nantes Université (Nantes Univ)-Nantes Université - pôle Humanités ; Nantes Université (Nantes Univ)-Nantes Université (Nantes Univ)

Citer ce document

Chapelle, manoir, prison, moulin banal et enclos : l’expression territoriale du pouvoir au sein des granges cisterciennes bretonnes du XIIe au XVIIIe siècle., 2023-06-21. URL : https://hal.science/hal-04338021