L’expression territoriale du pouvoir dans les pagi des colonies romaines d’Afrique et de Numidie (28 av. n. è. – milieu du IIIe s. de n. è.).

Anne-Florence Baroni

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Résumé :
La communication se propose d’étudier l’expression territoriale du pouvoir à travers l’exemple du pagus en Afrique, entendu comme circonscription territoriale d’une colonie romaine (M. Tarpin). Elle privilégiera la documentation (essentiellement épigraphique, mais aussi littéraire, juridique, gromatique, voire archéologique, grâce aux prospections récentes) des dépendances des trois colonies romaines créées par Octavien pour organiser le territoire de la province d’Afrique vers 28 av. n. è. et pourvues d’une immense pertica divisée en pagi : Carthage, Sicca Veneria (Le Kef) et Cirta (Constantine). On n’exclura pas cependant d’autres colonies, comme celle d’Ammaedara, créée vers 75 après le départ de la IIIe légion Auguste. Au cours du Haut-Empire, les pagi ont été des « laboratoires de la vie municipale » (M. Christol). Au terme d’un processus de maturation institutionnelle qu’il conviendra d’éclairer, certains sont finalement détachés du territoire colonial pour devenir des cités à part entière au cours du IIIe s. S’interroger sur l’expression territoriale du pouvoir dans les pagi permet d’analyser les étapes et les leviers de leur évolution institutionnelle et, à travers elle, la romanisation juridique à une échelle plus fine que celle de la cité, plus fréquemment étudiée. On verra ainsi grâce à quels documents et à partir de quelle date les limites territoriales du pagus peuvent être distinguées – notamment grâce aux bornes érigées par le pouvoir romain, ou aux manifestations des autorités locales, de la colonie ou du pagus. On s’intéressera également au dialogue entre les élites du pagus et le pouvoir impérial, seul dispensateur des promotions juridiques. Ce dialogue peut être distinct de celui établi par la colonie. Il est donc nécessaire de s’intéresser au rôle des intermédiaires : les relais de l’autorité romaine, en particulier le proconsul d’Afrique et le légat de légion, mais aussi les membres de l’élite locale qui sont parvenus à intégrer les aristocraties d’Empire, l’ordre équestre et surtout l’ordre sénatorial. Le territoire du pagus est en effet le lieu de la mise en valeur agricole, et le poids de l’Afrique dans le ravitaillement de Rome à partir de la fin du Ier s. a offert aux propriétaires de grands domaines à la fois une fortune et une position économique et politique qui ont servi leur ascension sociale. Enfin, l’évolution institutionnelle des pagi constatée tout au long du Haut-Empire pose la question des compétences déléguées aux autorités du pagus et de l’autonomie par rapport au chef-lieu de la colonie, qui permet au terme du processus la promotion au rang de cité. Elle permet également de revenir sur le statut des personnes sur le territoire de la colonie et sur la théorie (qu’aucune source ne permet de confirmer) de l’opposition juridique et de la coexistence territoriale du pagus de citoyens romains et du castellum considéré comme pérégrin.
Date de publication : 2023-06-21
Type de document : Communication dans un congrès
Affiliation : Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques (ANHIMA) ; Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UP1)-École des hautes études en sciences sociales (EHESS)-École Pratique des Hautes Études (EPHE) ; Université Paris sciences et lettres (PSL)-Université Paris sciences et lettres (PSL)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Paris Cité (UPCité)

Citer ce document

L’expression territoriale du pouvoir dans les pagi des colonies romaines d’Afrique et de Numidie (28 av. n. è. – milieu du IIIe s. de n. è.)., 2023-06-21. URL : https://hal.science/hal-04306030