Les fourches patibulaires, symboles de pouvoir et marqueurs territoriaux en Provence orientale de la fin du Moyen Âge à l’époque moderne.

Aude Lazaro

Page de l'archive
Résumé :
Lieux d’exécution et d’exposition des corps des condamnés à mort, les fourches patibulaires (ou gibet) faisaient partie du vaste arsenal judiciaire permettant aux seigneurs d’exercer leur autorité. Composées de piliers ou de poteaux réunis en leur sommet par une ou plusieurs traverses de bois, les fourches patibulaires servaient en effet à la pendaison de ceux reconnus coupables de meurtre, vol ou encore sédition. Si la peine n’était pas seulement rétributive mais aussi exemplaire et dissuasive, les fourches, dans leur dimension tangible, participaient à la mise en place d’un « décor justicier » (Prétou 2019). Symboles de pouvoir pour leurs possesseurs, certains des lieux, implantés à la frontière entre deux territoires, se sont également révélés être des marqueurs territoriaux, manifestant, de même que les bornes, l’emprise des seigneuries.Le cadre géographique retenu porte sur la Provence orientale, espace frontalier entre la mer et les Alpes et objet de nombreux conflits, rivalités et luttes territoriales. Les premières attestations de fourches patibulaires en Provence orientale – à l’instar de ce qui s’observe à l’échelle de la France – datant du milieu du XIVe siècle, et la pendaison ayant été abolie (sauf quelques exceptions liées au régime judiciaire du royaume de Piémont-Sardaigne) au profit de la décapitation à la fin du XVIIIe siècle, le travail mené couvre essentiellement le second Moyen Âge et l’époque moderne.Le corpus retenu se base sur les résultats d’une campagne de prospections thématiques menées en 2022 sur les fourches patibulaires des Alpes-Maritimes. Exploitant documents d’archive et données de terrain, ce travail mobilise principalement les données toponymiques, tant celles issues de la BD TOPO® proposée par l’Institut national de l'information géographique et forestière que celles compilées dans les cartes anciennes.Qu’il s’agisse des fourches du Broc édifiées à la frontière des territoires du Broc et de Carros, de celles de Saint-Paul-de-Vence, à cheval sur le territoire de Saint-Paul-de-Vence et celui de la Colle-sur-Loup, ou encore des fourches de Tourrettes-sur-Loup à la frontière du territoire de Vence, cette communication se propose d’étudier les logiques d’implantation des fourches patibulaires en Provence orientale, à la fois marqueurs spatiaux du pouvoir et « outils de délimitation territoriale » (Challet 2015), mais aussi la pérennité des toponymes et ce qu’elle révèle de la projection du pouvoir sur l’espace.
Date de publication : 2023-06-21
Type de document : Communication dans un congrès
Affiliation : Culture et Environnements, Préhistoire, Antiquité, Moyen-Age (CEPAM) ; Université Nice Sophia Antipolis (1965 - 2019) (UNS)-Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)-Université Côte d'Azur (UCA)

Citer ce document

Les fourches patibulaires, symboles de pouvoir et marqueurs territoriaux en Provence orientale de la fin du Moyen Âge à l’époque moderne., 2023-06-21. URL : https://hal.science/hal-04306120